Cancer du sein et grossesse

Une liaison pas si dangereuse ?

Publié le 09/12/2011
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Contrairement aux idées reçues, la grossesse n’altère pas le pronostic d’un cancer

Avec l’augmentation de l’incidence des cancers du sein chez la femme jeune et le recul de l’âge de la première grossesse, l’association cancer du sein et grossesse (CSAG) est de plus en plus fréquente. On dénombre ainsi en France jusqu’à 750 cas chaque année et le cancer du sein compte parmi les tumeurs malignes les plus fréquentes de la femme enceinte après le mélanome et le cancer du col. Toutefois, cette association serait fortuite et aucun argument ne permet d’affirmer que la grossesse pourrait favoriser la survenue d’une tumeur mammaire.

De même, contrairement aux idées reçues, « la grossesse n’altère pas le pronostic d’un cancer du sein » souligne le Pr Philippe Descamps (CHU d’Angers). Selon une méta-analyse récente (Azim et al, EUR J Cancer 2011), la grossesse pourrait même avoir un effet bénéfique avec, à stade identique, une amélioration de la survie globale chez les femmes enceintes.

Un diagnostic souvent tardif

En revanche, la grossesse peut retarder le diagnostic, la modification des seins rendant plus difficile et moins contributive la palpation. Près de 40 % des cancers du sein de la femme enceinte sont ainsi diagnostiqués à un stade avancé (contre moins de 20% en dehors de la grossesse). Pour étayer le diagnostic, la mammographie n’est pas contre-indiquée chez la femme enceinte mais a une sensibilité diminuée en raison de la densité des glandes mammaires. Elle doit donc être systématiquement complétée par une échographie mammaire qui est l’outil de référence pendant la grossesse. L’IRM sans injection peut être proposée en cas de besoin mais doit être évitée pendant le 1er trimestre.

Une fois le diagnostic confirmé, « l’interruption médicale de grossesse (IMG) doit rester exceptionnelle, insiste le Pr Philippe Descamps car elle n’améliore pas la survie. Le traitement doit être « le plus similaire possible à celui proposé en dehors de la grossesse ». Cependant, certains traitements sont contre-indiqués pendant tout ou partie de la grossesse, imposant des « aménagements » dans les protocoles thérapeutiques.


Source : lequotidiendumedecin.fr