12 600 signatures en six mois. Vous attendiez-vous à ce que votre Capi suscite un tel engouement ?
Pr Hubert Allemand. Nous ne savions pas quel serait l’accueil des confrères, mais nous avions conscience que c’était un bon dispositif. Reconnaître l’engagement du médecin généraliste dans une démarche de santé publique sur sa patientèle était en ligne de mire depuis la signature de la convention de 2005. Aujourd’hui nous proposons ce dispositif aux médecins généralistes comme une démarche choisie de manière totalement libre, volontaire et réversible. On souhaitait initialement introduire le Capi dans la convention. Les représentants syndicaux ne l’ont pas souhaité. C’est en définitive le législateur qui l’a intégré dans la loi de financement de la Sécurité Sociale de 2008.
Comment analysez-vous les raisons de ce succès ?
Pr H. A. Par une enquête que nous avons réalisée auprès des signataires pour savoir pourquoi ils avaient adhéré, on observe que pour beaucoup il s’agit d’abord d’une valorisation de leur pratique. Vient ensuite la reconnaissance de leur rôle de médecin traitant en santé publique. Enfin, ils se déclarent satisfaits du suivi personnalisé de leurs indicateurs. La dimension de la rémunération ne vient qu’en quatrième position. Et quand j’interroge les futurs médecins, dans le cadre de mes activités d’enseignant, la formule leur plait beaucoup.
A ce propos, la moyenne d’âge des signataires est plutôt élevé…
Pr H. A. Oui, cela a été une vraie surprise pour nous. En réalité on voit qu’ils sont totalement similaires à l’ensemble des confrères. Ce qui prouve qu’on a touché à quelque chose de fondamental dans la pratique médicale.
Le dispositif est-il appelé à évoluer ?
Pr H. A. Je pense que nous sommes partis pour une modalité qui va se déployer. C’est vraiment une nouvelle manière de faire. Nous réfléchissons aujourd’hui à des contrats d’amélioration de pratiques de groupe (Capeg). C’est un enjeu. Nous avons démarré avec une quinzaine d’indicateurs, dont on peut penser qu’ils sont assez circonscrits, mais en réalité cela touche des populations considérables. Le dépistage du cancer du sein, c’est trois millions de personnes par an, la vaccination contre la grippe saisonnière, neuf millions, la iatrogénie chez les personnes de plus de 65 ans, sept millions de personnes, le diabète, deux millions et demi… Imaginez l’énorme impact sanitaire, si on fait progresser ces indicateurs.
Encore faudra-il lever les blocages du Cnom, du Leem et de certains syndicats…
Pr H. A. Franchement, nous n’avons pas trop saisi leurs réactions. Quant au reproche qui nous est fait que tous les médecins ne peuvent bénéficier du contrat, nous allons essayer de le résoudre. Le profil ne concerne pas les médecins à exercice particulier. Pour ceux exerçant à temps partiel, notre ambition est de pouvoir les intégrer, demain, dans le dispositif, via les contrats de groupe, et, surtout, en proposant d’intégrer les contrats d’amélioration des pratiques dans la convention.
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