A Pierrefitte, Joselyne Rousseau fait de la résistance

Publié le 25/11/2011

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Crédit photo : ©DR

Son département, le 93, est plus connu pour l’architecture géométrique de ses cités, que pour sa basilique, chef d’œuvre de l’art gothique et nécropole des rois de France. Depuis son installation, au début des années 80, Joselyne Rousseau a subi 18 agressions. Le cabinet où elle exerce en libéral, à Pierrefitte, est un vrai bunker doté de caméras de vidéosurveillance, d’un système d’alarme et d’ouverture de porte à distance. « Les femmes médecins sont insultées et prises à témoin plus souvent que les hommes – reconnaît-elle – pour un oui ou pour un non, on nous traite de tous les noms ! »

Comme Pierrefitte, les banlieues difficiles sont en passe de devenir des déserts médicaux au même titre que les campagnes : les généralistes qui partent à la retraite ne sont pas remplacés. Les cabinets ferment. « On était 15 médecins dans le secteur dans les années 2000. Aujourd’hui on n’est plus que 8 » constate-t-elle amère. Mais, en dépit de ses mésaventures, le Dr Rousseau, qui est aussi présidente de l’Association des professionnels de santé de Pierrefitte, continue de tenir bon : « les gens sont attachants et notre cabinet est un acte de résistance. On ne veut pas baisser la garde pour une minorité de voyous et leur laisser du terrain ».

« Pas de supermarchés de la médecine ! »

Même si, depuis quelques temps, elle ne fait plus de visites à domicile : « Trop dangereux » dit-elle. Et que les médecins ne peuvent plus assurer la PDS « sauf dans les maisons médicales de garde sécurisées par la présence d’un vigile », SOS médecins ou le Samu prenant le relais, le cas échéant, comme dans les autres grandes agglomérations.

Le manque de sécurité, un frein à l’installation ? « Un frein tout court, encore plus pour les femmes », déplore cette généraliste courageuse pour qui le développement des maisons de santé n’est pas une solution d’avenir : « je suis contre la création de supermarchés de la médecine. Seule ou en groupe, qu’est-ce que ça change au niveau de la sécurité ? Le danger n’est pas dans le cabinet mais à la sortie ».