Plus de complications anesthésiques, cardio-vasculaires ou pulmonaires, d’avantage de retards de cicatrisation et d’infections osseuses ou cutanées... Le tabac pèse clairement sur l’évolution post-chirurgicale des patients opérés. À l’inverse, un sevrage, même temporaire, réduit les complications post-opératoires d’environ 30 % comme l’a confirmé une étude danoise présentée à Vienne. Ce travail a randomisé 120 fumeurs devant être opérées de la hanche ou du genou pour bénéficier ou non d'une intervention visant soit à l’arrêt du tabac, soit à une réduction de la consommation d’au moins 50 % 6 à 8 semaines avant l'opération. Un mois après celle-ci, 18 % du groupe intervention connaissait des complications contre 52 % en l'absence d'intervention. Le bénéfice était particulièrement marqué sur le retard à la cicatrisation (5 % vs 31 %), les événements cardio-vasculaires (0 % vs 10 %), la reprise chirurgicale (4 % vs 15 %) et la durée de l'hospitalisation (moins de 2 jours). Cette stratégie a été aussi payante à long terme puisque le suivi à 5 ans montre que 17 % des sujets contrôles sont décédés vs 8 % dans le groupe intervention. Par ailleurs, un an après 22 % des personnes concernées étaient encore abstinentes contre 3 % en l'absence d'intervention.
Moment-clé « La chirurgie est le moment-clé pour envisager l'arrêt du tabac, a souligné le Dr Hanne Tonnesen (Gentofte Hospital, Danemark), mais il ne s'agit pas de se limiter à une simple injonction. Seule une intervention soutenue et intensive peut aider nos patients dans cette démarche. » Une revue Cochrane de 2010 confirme que pour réduire les complications, l'arrêt du tabac doit intervenir au moins 4 semaines avant la chirurgie, idéalement huit. En pratique, « dès l’annonce d’une chirurgie, tout soignant doit mettre en œuvre les moyens à sa disposition pour aider le fumeur à s’arrêter de fumer », précise la conférence d’experts française sur le tabagisme péri-opératoire de 2005*.
En période péri-opératoire, les outils diagnostiques et l’évaluation de l’arrêt du tabac sont les mêmes que ceux utilisés en dehors de ce contexte. Ensuite, l'aide au patient peut s'accompagner d'une prescription médicamenteuse, en particulier des substituts nicotiniques. Une stratégie qui devrait aussi bénéficier à d'autres thérapeutiques potentiellement à risque comme la radiothérapie (augmentation de 20 % du risque de pneumopathie radique chez les fumeurs) et la chimiothérapie.
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