Comment lutter contre la sous-notification et faciliter le travail des soignants ? Le thème a été débattu lors du groupe de travail n°2 des Assises du médicament qui s’est réuni à sept reprises jusqu’au 16 mai et a planché sur la façon d’améliorer le système de surveillance du médicament sous la houlette d’une chercheuse Dominique Costaglia. La question de l’implication des prescripteurs a notamment été abordée lors de la séance du 30 mars. Entre autres solutions évoquées par les experts, l’idée de faciliter le travail des prescripteurs, des pharmaciens ou des patients en développant la télédéclaration fait son chemin. Apparemment, certains centres régionaux s’y mettent déjà : à l’hôpital Pompidou, Agnès Lillo-Le Louët travaille avec des ingénieurs de l’Ecole centrale pour développer une solution web. Aux Assises, certains ont suggéré un site unique avec envoi automatique des notifications vers les centres concernés. Telle qu’elle est conçue actuellement, la fiche Cerfa fait aussi l’objet de critiques. « Elle n’est absolument pas obligatoire », martèle Agnès Lillo-Le Louët qui pour sa part est preneuse de n’importe quel moyen de notification : fax, mails, comptes rendus d’hospitalisation ou même simple coup de fil.
Un véritable cercle vertueux
La patronne du CRPV de l’HEGP prône par ailleurs une pharmacovigilance « proactive » qui ne fasse pas l’impasse sur le dialogue avec les professionnels de santé. Alors qu’en moyenne 60 % des notifications font l’objet d’un retour d’informations de la part des centres de pharmacovigilance, elle rapporte un taux de 97 % à l’HEGP. Pour elle, ce petit pensum est à terme payant pour un CRPV, et à même d’enclencher un véritable cercle vertueux avec les blouses blanches : « les personnes auxquelles nous répondons, nous recontactent par la suite. » Aux Assises, beaucoup pensent d’ailleurs qu’il faudrait systématiser le retour d’informations, non seulement sur tel ou tel signalement, mais aussi sur des cas similaires ou via la publication de bulletins de pharmacovigilance aux professionnels. Et des voix se sont exprimées pour dire que d’une manière générale, la politique de communication des CRPV devait être dynamisée.
Apparemment, les médecins seraient eux aussi demandeurs. Le Dr Olivier Reveillaud explique qu’en trente ans d’exercice à Bièvres, il manque d’éléments de réflexion en pharmacovigilance à même de l’alerter, et il est preneur d’un vrai dialogue avec les spécialistes de pharmacovigilance : « Nous, on fait de la clinique. En pharmacologie, on n’est parfois un peu complexés. On n’a pas toujours le temps. Et on n’ose pas toujours déclarer des choses qui sans doute seraient indispensables dans vos bases de données » explique ce généraliste.
Alertes spécifiques
Certains membres de la commission Costaglia ont par ailleurs suggéré également de prioriser les notifications sur les produits les plus à surveiller : signalétique particulière indiquant les nouveaux médicaments ou alertes spécifiques dans les logiciels d’aide à la prescription pour les médicaments à pharmacovigilance renforcée. Et l’idée de valoriser l’activité de pharmacovigilance progresse également dans les esprits. Quitte à rémunérer les prescripteurs pour ce travail de fourmi : et pourquoi pas via le CAPI ? Enfin, tout le monde s’accorde pour dire qu’un effort particulier sur la pharmacovigilance doit être fait au stade de la formation initiale ou de la FMC des médecins. De son côté l’ordre des pharmaciens a présenté mi-mai les propositions qu’il a reformulées lors des Assises du médicament avec une suggestion phare : la création d’un grand portail sur le médicament.
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