Un fait troublant a remis en question le simple dogme du stress mécanique induit par l’obésité : l’association épidémiologique entre obésité et arthrose des mains avec un sur-risque de 2 ! « Des facteurs systémiques pourraient expliquer une telle association. Il s’agit des adipokines », explique le Dr Jérémie Sellam (service de rhumatologie, hôpital Saint-Antoine, Paris). Les adipokines (leptine, adiponectine, visfatine, résistine) sont des molécules libérées par le tissu gras qui agissent à distance notamment au niveau des articulations. « Ces molécules, retrouvées dans le liquide et les tissus articulaires, ont un effet pro-inflammatoire et pro-dégradatif sur le cartilage. Elles seraient ainsi responsables de la perte de l’homéostasie du cartilage. »
Risque de syndrome métabolique multiplié par 5
De plus, des études ont alimenté l’idée qu’il y aurait un lien entre syndrome métabolique et arthrose. C’est ainsi que des auteurs ont calculé qu’un homme de 45 ans ayant une arthrose avait un risque multiplié par 5 de syndrome métabolique ! De surcroît, la présence d’autres éléments du syndrome métabolique (hypercholestérolémie, diabète, HTA) chez un patient obèse semble augmenter plus encore le risque d’arthrose comparativement à des sujets « seulement » obèses. « En dehors de l’obésité, la relation entre arthrose et diabète ou insulinorésistance est probablement la piste la plus intéressante, estime le rhumatologue. Certains arguments épidémiologiques semblent le suggérer mais les données robustes sur le sujet manquent actuellement. » Parmi les hypothèses physiopathologiques, les produits avancés de glycation modifieraient les propriétés physiologiques du cartilage. Par ailleurs, le glucose lui-même pourrait avoir des effets néfastes sur les chondrocytes arthrosiques. En 2013, les liens épidémiologiques entre arthrose et maladies métaboliques s’affinent mais on ne dispose cependant pas de preuve de l’impact du contrôle du syndrome métabolique sur les symptômes et la progression de l’arthrose.
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