Il est âgé d’une quarantaine d’années. Il exerce en solo à la périphérie de l’ancienne capitale des Gaules. Et tient, pour l’heure, à conserver l’anonymat. Différentes procédures judiciaires sont en cours. L’une à l’encontre de la cpam de Lyon, en forme de contre-attaque. Quant à la seconde, le praticien estime qu’il « est trop tôt pour exposer » ici sa stratégie. Reste que celui qui se définit lui-même comme « un bon médecin généraliste, soucieux de ses patients et des comptes de la Sécu », est aujourd’hui furieux, et révolté. « C’est mon honneur qui a été atteint », explique-t-il.
« Rien à me reprocher »
Pour ce confrère, « conventionné et en secteur 1 », tout commence lors d’un banal contrôle de la caisse sur la période qui court de 2005 à 2006. Il « joue franc-jeu », n’estimant n’avoir rien à se reprocher. « Je travaillais à l’époque tous les jours de la semaine. Ma clientèle compte environ 1 150 patients, dont une partie importante en CM. En tout, je réalisais quelque 45 consultations par jour », développe le médecin généraliste qui expose, les conclusions de son relevé d’activité. « Grosso modo, j’ai fait quelque 10 000 consultations en 2005, soit 3,5 fois plus que la moyenne de ma région, mais dans le même temps, mes prescriptions coûtaient 2,6 fois moins cher que la moyenne régionale, alors… ».
Alors, le docteur est tout de même entendu par la commission des pénalités. « J’y suis allé la fleur au fusil, sans assistance, sans conseil. De 13h à 19h, pendant six heures d’affilée, sans un verre d’eau, sans pouvoir aller aux toilettes, je me suis retrouvé face au chef du contentieux et au médecin-conseil ». À l’arrivée, le praticien est condamné à un blâme avec publication, puis, reçoit un courrier du Conseil de l’Ordre, et décide de faire appel. L’affaire suit son cours.
Traité comme un vulgaire criminel
Mais c’est une deuxième « affaire » qui va définitivement mettre le feu aux poudres. Le 1er avril 2009, le Dr X voit avec stupeur « des gendarmes débarquer dans son cabinet. J’étais en pleine consultation ». Les fonctionnaires de la maréchaussée embarquent six dossiers et indiquent au médecin qu’il sera convoqué prochainement. Ce qui se produit deux mois plus tard, au début du mois de juin. Dès son arrivée à l’hôtel de police de Lyon, les gendarmes informent le généraliste qu’il « va être mis en garde à vue ». « Cela a duré de 9h du matin à 18H30. Pendant ce temps, on m’a photographié sous toutes les coutures, de face, de profil, comme un vulgaire criminel ». Le tort de ce praticien ? Avoir prescrit du Cytotec® à certains de ses patients qui se plaignaient de douleurs gastriques. Et s’être ainsi retrouvé au cœur d’un trafic de ce médicament de grande ampleur. En effet, les six dossiers réquisitionnés par les gendarmes concernent des patients qui « ont écumé les cabinets médicaux, se plaignant de maux de ventre, et détournant ce médicament à des fins abortives ». C’est ainsi que le Dr X se retrouve à son corps défendant soupçonné d’être au cœur d’un trafic de médicament… Relâché à la fin de sa garde à vue, ce confrère n’a plus été inquiété. Sauf qu’il est aujourd’hui passablement remonté et n’entend pas en rester là. « En croisant les dossiers avec ceux des autres généralistes qu’allaient voir ces patients, la caisse n’aurait-elle pas pu voir dès le début qu’il était peu probable que je m’adonne à un trafic vu la faible importance de mes prescriptions de cytotec ? »…
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