Alors que tout le monde s’accorde sur la nécessité d’un diagnostic précoce des troubles envahissants du développement - dont l’autisme - l’absence de certitude en retarde souvent l’annonce. Il existe pourtant des outils performants et tous les généralistes anglais sont ainsi familier de la CHAT*. Faire le diagnostic de l’autisme chez des enfants âgées de 18 mois grâce à un simple questionnaire remplis, par les parents et les cliniciens, en une dizaine de minutes ? Ce serait trop beau. Pourtant, le questionnaire CHAT mis au point dans les années 90 pour être utilisable par les médecins généralistes permet d’atteindre des performances très honorables. D’emblée sa spécificité pour détecter un trouble envahissant du développement (TED) s’est avérée excellente (de l’ordre de 97%). En revanche la sensibilité n’était que de 38% et il faut donc se garder de rassurer des parents sur cette seule base. Du reste, les experts conseillent de prévoir plusieurs temps de dépistage en fonction des troubles décelés par les parents. Dans une étude sur l’âge auquel les parents constataient des anomalies chez leurs enfants on retrouvait une certaine variabilité : fin de la première année 38% ; au cours de la deuxième année 41% ; entre 2 et 3 ans 16% ; après 3 ans 5%. C’est souvent le retard d’apparition du langage qui est repéré initialement, beaucoup plus rarement les anomalies des interactions sociales et encore plus tardivement les stérotypies. La possibilité d’utiliser la CHAT dès 18 mois est intéressante car c’est souvent à cet âge que les parents éprouvent les premières inquiétudes.
Inquiétude avant l’âge de 3 ans
Dans le travail de Howlin et Moore (1997), basé sur un questionnaire adressé aux parents de 1294 enfants atteints d’autisme, 93% des parents disaient avoir été inquiets avant les 3 ans de leurs enfants. La CHAT a été évaluée en Grande-Bretagne dans le dépistage systématique de 16 000 enfants âgés de 18 mois. A cette occasion, les investigateurs ont pu établir que 3 items étaient particulièrement critique puisque l’enfant qui échoué aux trois avaient 83% de risque d’être diagnostiqué autiste par la suite. Il s’agissait de l’absence de pointage proto-déclaratif (pointer du doigt pour indiquer un intérêt dans quelque chose), l’absence de comportement d’attention conjointe et l’absence de jeu de « faire semblant ». S’agissant de signes négatifs, il n’est pas toujours aisé d’en repérer l’absence. C’est tout l’intérêt d’interroger soigneusement les parents. La CHAT fait d’ailleurs collaborer parents (9 items) et examinateur (5 items). Toutefois, un nouveau questionnaire, le M-CHAT (Voir encadré), a été mis au point en 2001 pour les enfant de 24 mois, en se basant sur la CHAT et les observations cliniques. La spécificité de l’analyse discriminante ainsi effectuée s’est révélée aussi bonne que pour la CHAT (99%) mais surtout la sensibilité a été nettement améliorée : 87%. En pratique, le médecin généraliste peut aisément avoir sous la main un M-CHAT a faire remplir par les parents au moindre doute avant de lancer dans des investigations complémentaires.
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