L’Anemf a réalisé pour Le Généraliste, une extraction de sa base de données des choix en médecine générale au dernier amphi de garnison de septembre 2008. Ce classement permet de mesurer l’attractivité des universités auprès des futurs généralistes: il a été établi à partir du rang moyen des internes en médecine générale qui ont choisi tel ou tel fac, rapporté au nombre de postes occupés. En l’occurrence, la liste que nous diffusons est parlante. Hormis Nantes et l’ile-de-France, elles sont ainsi huit facs du Sud à se trouver en tête des choix des étudiants à l’issue des ECN (voir l’infographie et l’analyse méthodologique ci-dessus). Après la mise en place, pénible il est vrai, de la filière de médecine générale, on aurait pu croire que les facultés seraient en concurrence sur des critères d’excellence d’enseignement. Mais à l’arrivée, ce scénario pronostiqué par certains enseignants de médecine générale eux-mêmes, apparaît quelque peu battu en brèche. Une chose apparaît cruement lorsque l’on regarde les choix à l’issue de l’amphi de garnison: le principe d’un examen national n’est pour l’heure pas parvenu à mieux répartir les effectifs de la relève en médecine générale. Pour le reste, il reste bien difficile de savoir aujourd’hui si les facs du haut du classement ont été retenues pour la qualité de vie de la région où elles se situent ou pour l’excellence de la formation qu’elles dispensent. Surtout lorsque l’on se base sur les témoignages, contradictoires, des étudiants.
Ainsi, Lucie Ginoux, interne en médecine générale à l’hôpital Cochin n’en fait pas mystère. La jeune femme a fait ses études de médecine à Marseille, à l’issue desquelles son classement, excellent, lui permet de choisir n’importe quelle ville pour faire son internat. Ce sera Paris, donc, mais surtout parce que son compagnon y travaille (voir encadré). Tout autre a été le processus de décision qui a conduit son amie Clémence Hennebique, future généraliste elle aussi, à opter pour Lille à l’issue des ECN. « Cela m’a pris au moins deux mois pour glaner des infos. J’ai envoyé pas mal de mails aux associations d’internes pour savoir quelles étaient les mieux cotées ». A l’arrivée, raconte Clémence, le tiercé gagnant comportait Lyon, Lille et Montpellier. Ensuite sont venues les considérations pratiques. « Nous devons effectuer un stage en CHU et un stage dans les hôpitaux en périphérie. A Lille, les internes du département me regardent avec des yeux ronds quand je leur dis que je viens de Marseille, mais dans la région lilloise, la répartition géographique des établissements me permet de vivre en centre-ville tout en étant à 45 minutes de voiture de presque tous les hôpitaux où je suis susceptible de faire mes stages… ».
Un choix qui en l’occurence va à rebours de la tendance à l’héliotropisme qu’indique le tableau que nous publions. Pour autant, là encore, l’analyse est malaisée. Le carton plein réalisé par les dix premières choisies -de Montpellier-Nîmes à Rennes- dans les choix d’internat est certes confirmé par le fait qu’il ne reste, de plus, aucune place vacantes dans ces facs à l’issue de l’amphi de garnison. En revanche, certaines facultés, même si elles séduisent les mieux classés ne parviennent pas à remplir tous leurs postes. Comment expliquer par exemple qu’une fac comme celle de Tours, pourtant assez bien classée en termes d’attractivité (treizième position) ait un taux de 63,2% de places restantes ? Alors que celle d’Amiens, pourtant en dernière position, ne présente qu’un taux de places restantes de 17,97% ? Des interrogations que balaient le président du CNGE. Pour la simple raison que, selon le Pr Pierre-Louis Druais, « établir un classement des facultés de médecine ne veut rien dire, notamment en médecine générale. Chaque année les doyens qui sont dans le haut du classement nous parlent du résultat de leur université aux ECN, je considère que ça n’a aucune pertinence. Il y existe une telle hétérogénéité des choix pédagogiques et des formations qu’on ne peut pas comparer les choses ».
Côté Isnar, c’est un autre volet de la formation universitaire que le président des internes souhaiterait, lui, voir évoluer : « nous devrions pouvoir connaître, en amont, ce que contient la formation que dispensent les facs. Si le programme de 200 heures est national, la réalisation pratique de la maquette reste à la discrétion des universités ». Et avant de s’inscrire les futurs généralistes aimeraient bien savoir, sans appeler chacun des départements, si telle ou telle université offre la possibilité de faire des stages en pédiatrie ou en gynécologie par exemple…
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