Saisie par la Direction générale de la santé en 2010, après la révélation de 15 cas d’infections cutanées à mycobactéries atypiques, en 2007, la Haute Autorité de la santé (HAS) devait livrer une cartographie des risques liés à la pratique de la mésothérapie à visée esthétique (MVE) en France, qu’ils soient infectieux, pharmacologiques, ou liés à des contextes psychopathologiques.
C’est la cartographie d’un territoire accidenté et perdu dans le brouillard qu’elle livre aujourd’hui, dans un rapport d’évaluation technologique de plus de 230 pages, qui s’appuie sur l’analyse critique des données de la littérature scientifique, des rapports de l’Institut national de veille sanitaire (InVS), de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des agences régionales de santé, ainsi que sur le recueil de positions d’experts.
« Bases mal connues et incertaines »
Selon la HAS, « la pratique de la mésothérapie est fondée sur des bases mal connues ou incertaines ». La Haute Autorité souligne qu’il n’existe pas de définition consensuelle de la MVE, que les pratiques sont hétérogènes et les protocoles non standardisées, que les conditions réelles de la pratique ne sont pas connues, et qu’aucun encadrement juridique n’existe. En outre, les données acquises de la science ne constituent pas un fondement solide, selon l’evidence based-medicine. Et la qualification des professionnels repose sur la déclaration des universités, sans que cette formation universitaire soit un pré-requis.
La HAS identifie plusieurs types de risques. Les risques infectieux (par bactéries typiques ou mycobactéries atypiques) sont avérés : la MVE s’est rendue responsable de 15 % des 92 cas de mycobactérioses cutanées entre 1986 et 1992 ; de 16 cas d’infections à mycobactéries non tuberculeuses, entre 2006 et 2007 et de 7 cas d’infections cutanées à mycobactéries atypiques en 2009.
Des risques pharmacologiques (réactions granulomateuses, systémiques et allergiques) ont été rapportés. Les études publiées de faibles niveaux de preuve ne permettent pas de conclure sur la compatibilité des mélanges utilisés en MVE. En revanche, des événements indésirables liés à certains contextes psychopathologiques n’ont pas été identifiés mais paraissent possibles.
Utilisation de médicament hors AMM
Beaucoup de données manquent néanmoins quant à la gravité et la fréquence des complications. « Les systèmes de vigilance ne sont pas fonctionnels », accuse la HAS, qui juge par ailleurs impossible d’évaluer le coût pour la collectivité des effets secondaires de la MVE.
Elle met en lumière les points critiques des séances de mésothérapie : mélanges extemporanés, multiplicité des injections, qui aggrave le risque infectieux, utilisation hors AMM des médicaments en dehors de toute balance bénéfice-risque. Elle rappelle notamment que la préparation extemporanée de mélanges de produits médicaux ne peut se faire qu’en pharmacie et non en cabinet et que l’utilisation hors AMM, si elle n’est pas interdite, doit être encadrée et connue du patient.
La HAS conclut donc sur l’impossibilité de quantifier les risques et d’établir des comparaisons avec d’autres gestes de médecine esthétique. « Les très nombreuses inconnues encore existantes concernant la MVE rendent impossible une information suffisante du public lui permettant des choix éclairés. »
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