Avec l'accréditation obligatoire des laboratoires sur l’ensemble de l’activité, 87 % des biologistes du secteur privé (et plus de 60 % des hospitaliers et des internes) perçoivent une accélération de la financiarisation du secteur, bien loin de la médicalisation annoncée. Tel est le résultat édifiant d'une enquête nationale* réalisée par le Syndicat des jeunes biologistes médicaux (SJBM) et la Fédération nationale des syndicats d’internes en pharmacie et en biologie médicale (FNSIP-BM), dont les résultats viennent d'être publiés.
Cette financiarisation de la spécialité est ressentie comme un effet direct de l'accréditation en cours, obligatoire depuis 2013 à la faveur de la réforme de la biologie. Cette contrainte a également allongé les délais de rendu des résultats, selon la moitié des biologistes libéraux et un tiers des hospitaliers et des internes de la spécialité.
Surtout, neuf internes et biologistes sur dix estiment que la démarche d'accréditation en l'état actuel est trop lourde ; et 85 % des internes pensent qu'elle a été néfaste pour l'attrait de la biologie médicale auprès des étudiants. Les audits sont jugés très hétérogènes, alimentant le sentiment d'iniquité.
Point positif : 41 % des biologistes hospitaliers et 57 % des internes jugent que l'accréditation est bénéfique sur la qualité des soins.
Ces chiffres traduisent le désarroi du terrain face à un processus d'accréditation « à marche forcée », en tout cas perçu comme tel même si les dates butoir ont été plusieurs fois repoussées en raison de l'impossibilité du Cofrac (comité français d'accréditation) de respecter les délais imposés. « On voit bien la grande frilosité des biologistes face à cette obligation, résume le Dr Lionel Barrand, président du SJBM. L'objectif initial de médicalisation de la profession n'a pas marché et a provoqué une financiarisation et des retards, c'est une source d'angoisse. »
Le Cofrac n'est pas épargné
Les biologistes ont été interrogés sur les points à améliorer. Concernant les évaluations, 57 % des professionnels réclament un report des échéances et 50 % une baisse du nombre d'audits physiques. La plupart des biologistes sont favorables à une dématérialisation des audits (intermédiaires).
Plus d'un tiers de la profession désavoue le Cofrac : 39 % des biologistes pensent que la Haute autorité de santé (HAS) serait plus légitime. Environ 90 % des biologistes souhaitent que les tarifs de cet organisme soient réglementés par l'État, et que les frais de bouche et d'hébergement des auditeurs ne soient pas pris en charge par le laboratoire audité. 70 % des labos souhaitent qu'une enveloppe globale d'accréditation soit créée à cet effet.
Signe du malaise, 75 % des internes et des biologistes médicaux seraient disposés à une grève de l'accréditation si la démarche d'évaluation n'est pas allégée. « Il y a une prise de conscience unique des biologistes à travers ce sondage, met en garde le Dr Barrand (SJBM). On constate un point de rupture avec une accréditation à marche forcée dans un secteur médical qui n'était pas adapté ».
* Sondage réalisé entre le 14 octobre et le 19 novembre 2016 à partir de 712 réponses de biologistes dont 390 libéraux, 174 hospitaliers et 148 internes.
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