Après de premiers travaux sur la prévalence et les caractéristiques de l’anosmie et de la dysgueusie chez les patients atteints de Covid, dans le cadre du consortium IFOS (Fédération internationale des sociétés d’ORL), l’équipe du service ORL de l’hôpital Foch a poursuivi ses investigations et exploré la piste du système nerveux central pour comprendre l’origine de la perte de ces deux sens et l’évolution de ces symptômes de la maladie.
« Étonnés par la sévérité de l’anosmie de certains patients, nous avons réalisé une étude IRM chez des patients Covid anosmiques et des patients Covid non anosmiques », raconte le Pr Stéphane Hans, chef du service ORL de l’hôpital Foch, qui a codirigé l’étude avec le Dr Jérôme Lechien. Publiée dans « Journal of Infection », cette étude a inclus 23 patients, dont 4 n’avaient pas d’anosmie. « Parmi les patients anosmiques, tous ont eu une atteinte au niveau du bulbe olfactif », indique le Pr Stéphane Hans.
La piste neurologique dans les anosmies de longue durée
L’atteinte ne serait ainsi pas seulement respiratoire, mais également neurologique. Cette hypothèse est confirmée par une étude publiée dans « Neurology ». Menée sur des cadavres de patients Covid, elle fait le constat du passage du virus dans le cerveau et l'atteinte du bulbe olfactif.
« Il nous apparaît désormais clairement que l’anosmie peut être d’origine respiratoire, avec un œdème dans la partie supérieure du nez (fentes olfactives) et des patients qui récupèrent en moins de 15 jours, mais également qu’elle peut être d’origine neurologique avec une atteinte de l’épithélium olfactif et du bulbe et une anosmie qui se prolonge durant 2 ou 3 mois », explique le Pr Stéphane Hans.
Selon les derniers résultats de l’équipe de l’hôpital Foch et de leurs collègues de l'Université de Mons en Belgique, en prépublication, 75 à 85 % des patients anosmiques semblent récupérer leur odorat deux mois après la fin de la maladie. La récupération peut être plus longue et certains patients récupèrent un goût altéré, une forme de parosmie, confirmant là encore la piste neurologique.
Un indicateur d’une forme légère ou modérée du Covid-19
Cette étude permet par ailleurs d’établir que la présence d'une anosmie est l’indicateur d’une forme légère ou modérée du Covid-19. « Nous ne le savions pas lors du pic épidémique, car la priorité était ailleurs, mais les patients hospitalisés en soins intensifs n’ont pas développé de trouble de l'odorat », souligne le Pr Stéphane Hans.
Les travaux vont se poursuivre. « Nous allons soumettre les patients à une deuxième IRM afin de voir s’il existe une corrélation entre la récupération et la diminution du flash au niveau du bulbe olfactif », indique le Pr Hans. Son service sera également attentif à la deuxième vague de l’épidémie, combinée à l’épidémie de grippe, maladie également avec des symptômes ORL dont l’anosmie.
Une autre question anime le Pr Stéphane Hans : « Alors que les premières publications chinoises rapportaient une prévalence de l’anosmie de 5 %, contre 80 % en Europe, ferons-nous face à la même proportion de cas d'anosmie dans cette seconde vague ? »
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