La possibilité, depuis le mois de juillet, de faire des tests RT-PCR sans ordonnance et remboursés à 100 % par l’Assurance-maladie a permis à un très large public de se faire tester, mais cette situation sature les capacités des laboratoires et pèse lourd sur les professionnels de santé, alerte le Syndicat des jeunes biologistes médicaux (SJBM).
Selon le syndicat, les biologistes médicaux n'arrivent plus à suivre la cadence des tests, passée de « 300 000 tests hebdomadaires début juillet à plus d’un million début septembre ». « Cet afflux massif de patients sature les capacités analytiques des laboratoires », pointe le syndicat, qui cite les files d'attente mais aussi les délais d'attente de plusieurs jours, même pour des patients symptomatiques.
Autre conséquence de cette demande exponentielle, les fournisseurs de réactifs « n’arrivent pas à suivre ». Quant au personnel, il est « sur les rotules » et subit « de nombreuses agressions physiques et verbales », alerte le SJBM. Le syndicat fait même état de cas de burn-out et de difficultés à recruter, conséquences d’une politique de santé « fondée sur le chiffre et non sur la pertinence médicale ».
Tests sur ordonnance médicale
Ces conditions de travail amènent à demander un dépistage ciblé auprès des personnes symptomatiques, des cas contacts et des personnes asymptomatiques à risque (au retour de voyage d’un pays où le virus circule activement). « Nombre de Français se découragent d’aller se faire dépister faute d’obtenir un rendez-vous rapidement, alors qu’ils entrent dans les indications prioritaires, assurent les jeunes biologistes. Le raisonnement médical doit prendre le pas sur l’affichage politique car il est impossible de dépister 70 millions de Français ! »
Une demande partagée par le Syndicat des biologistes (SDB), autre représentant de la profession, pour qui les « objectifs chiffrés » ne doivent plus être la priorité. « L’urgence est de travailler sur les cibles et sur la hiérarchisation des différents niveaux de priorité entre les patients. Il est absolument nécessaire de remettre de l’ordre entre les différents types de patients, sans cela, il n’est pas possible aux laboratoires de garantir à ceux qui en ont le plus besoin un résultat dans les 24 heures », abonde le SDB.
File prioritaire
Ce dernier réclame que les laboratoires de biologie médicale puissent « absolument réserver une file prioritaire aux patients zéro et aux cas contacts », pour réagir vite face à un nouveau foyer. Cette priorisation doit se faire sur ordonnance en coordination avec les équipes des CPAM pour les cas contacts, juge le SDB qui compte sur l'arrivée des tests salivaires pour « mieux répondre à la demande de dépistage de masse ».
De son côté, le SJBM lance « un appel au civisme » pour que les personnes sans indications n’aillent pas se faire dépister inutilement. Il invite lui aussi le ministère à prioriser les examens sur la base d’une ordonnance médicale, et demande aux ARS de « stopper les campagnes massives de dépistage » à l’échelle d’un territoire, auprès de populations asymptomatiques sans risque particulier. A défaut, il craint que l’ensemble du dispositif tester-tracer-isoler ne s'écroule dans le pays, qui ira alors « dans le mur » en automne.
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