Urologie

Incontinence : un accès aux soins souvent retardé

Publié le 13/06/2014
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L’incontinence urinaire chez la femme reste sous-traitée. Les femmes en post-partum ne disposent, en effet, pas toujours de cabinets de rééducation périnéale dans leur région. Et, chez les femmes ménopausées, le sujet reste souvent tabou.

Crédit photo : LAURENT/EVE / BSIP

La prévalence de l’incontinence urinaire chez la femme en France est de 12,8% entre 19 et 23 ans, de 36,1% entre 45 et 50 ans et de 35% entre 70 et 75 ans. Elle reste sous-diagnostiquée et sous-traitée pour diverses raisons. Tout d’abord, la rééducation périnéale, fondamentale, dans le traitement de l’incontinence au moment du post-partum et de la post ménopause, se heurte à divers écueils. Selon le Pr Aurélien

Descazeaud, (CHU de Limoges), « il faut, pour que cette thérapeutique soit appliquée, premièrement qu’on la propose aux femmes à risque d’incontinence, et, deuxièmement, qu’elles aient la possibilité matérielle d’aller chez un kinésithérapeute spécialisé dans cette prise en charge. Ceci ne pose pas de gros problèmes quand les patientes vivent en ville, mais en pose beaucoup à la campagne, où l’accès à ce type de kinésithérapie est plus difficile ».

Autre raison pour laquelle cette pathologie reste sous- traitée : l’insuffisance de diagnostic qui touche d’avantage les femmes âgées. Le Pr Descazeaud précise que « lors des consultations d’obstétrique, en post-partum, la rééducation périnéale est proposée couramment. De plus, les femmes jeunes n’ont pas de réticence à parler de ce type de problème. En revanche, les femmes ménopausées ont souvent tendance à taire ce symptôme. » Bien que les campagnes récentes de sensibilisation aient diminué le caractère honteux de cette affection, il persiste des tabous retardant la prise en charge efficace des patientes.

Les vieux clichés renforcent encore ce retard (« c’est normal après un accouchement, c’est normal à votre âge, il n’y a rien à faire »). Bien souvent les patientes vivent alors avec leurs symptômes, persuadées qu’il n’existe pas de traitement efficace. D’où l’intérêt, pour le généraliste, de leur demander s’il n’y a pas de problèmes de ce coté-là.

Selon le Dr Jean Belaisch (Paris), les médecins généralistes ne sont pas tous enclins à prendre en charge – et donc à diagnostiquer – ce type de pathologie complexe. Le repérage de cette pathologie ne fait généralement pas partie de leur examen systématique. Or, en 2011, plus de 20% des Françaises âgées de 16 à 60 ans n’avaient pas bénéficié d'un suivi gynécologique depuis au moins deux ans, chiffre qui grimpait même à plus de cinq ans pour 6% d'entre elles selon une étude réalisée pour les mutuelles LMDE et MGEN.

Tout ces facteurs aboutissent, dans certains cas, à une difficulté d’accès aux soins se traduisant par un délai moyen entre le début des symptômes et leur traitement souvent très important. Et cela alors que les thérapeutiques de ces affections offrent une bonne efficacité (voir encadré ci-contre).

Dr Alain Dorra

Source : lequotidiendumedecin.fr