« C'était un rêve d'adolescent : partir dans le désert en 4x4 pour rechercher des météorites », se remémore Arnaud Aurrens, 34 ans, actuellement en 6ᵉ année. Ce futur médecin a de la suite dans les idées. Ancien infirmier, il intègre la deuxième année de médecine grâce à la passerelle. À la veille des Ecos, il décide de concrétiser ce projet : « C’était le seul moment possible, avant que tout ne s’enchaîne au moment de l’internat. »
En mars 2025, avec deux amis, il se lance dans un road trip en direction de Ait Saoun, un village marocain, là où s’est produite la dernière chute de météorites le 6 août 2024. Le trio part de Clermont-Ferrand, passe par Biarritz, puis prend le bateau à Algésiras en Espagne pour rejoindre le Maroc. Ils traversent ensuite Tamegroute et Merzouga. Après deux jours dans le désert, les trois aventuriers atteignent enfin Zagora. Leur objectif ? Remonter vers Ouarzazate, à proximité de Ait Saoun. Au total : 3 000 kilomètres parcourus.
Une passion viscérale
Passionné d’astronomie depuis toujours, Arnaud a préparé, parallèlement à son activité professionnelle d’infirmier, un diplôme universitaire en astronomie et astrophysique à l’Observatoire de Paris, avec un module en mécanique céleste. Puis, tout en poursuivant ses études de médecine, il consacre trois années à la mise en place de ce voyage, à raison d’une heure et demie par jour. « Le voyage a demandé une sacrée préparation, précise-t-il. Il a fallu élaborer la logistique, aménager le 4x4, étudier la configuration du terrain, et « s’upgrader » en mécanique, un domaine qui m’intéresse mais je ne suis pas mécanicien pour autant. J’ai aussi dû localiser précisément le cône de chute et la zone d’impact des météorites, là où les probabilités de trouver des fragments sont les plus fortes. » Pour cela, Arnaud a étudié des cartes, la topographie afin de comprendre les accès au terrain.

Sur place, le groupe fait une rencontre marquante : un témoin oculaire de la chute. Une aubaine pour ces mordus de corps célestes. « Il nous a raconté le bruit, la lumière, l’agitation dans le village qui baignait dans une forte odeur de souffre. Une grande effervescence s’en est suivie avec la venue de chercheurs venus du monde entier pour tenter de trouver des fragments. Nous avons eu une chance inouïe. »
Déterminé à partager leur épopée, Arnaud a créé une chaîne YouTube et un compte Instagram (@PMZ_Clermontois) pour en illustrer les péripéties. « Je voulais que ce soit à la fois un voyage, une aventure, une expérience de terrain, tout en accomplissant une démarche pédagogique et scientifique sur l’astronomie et la recherche de météorites », résume-t-il. Et pour accomplir ce challenge, il s’est lancé dans l’apprentissage de la conception de vidéos, sans oublier de se familiariser avec les réseaux sociaux.
Un rêve qui se réalise !
Au bout de 15 jours de recherche dans la région d’Ait Saoun, les efforts d’Arnaud et de ses deux amis sont récompensés : ils découvrent 25 fragments rocheux. Mais il leur faut encore obtenir la confirmation de l’origine de ces échantillons. Ils contactent alors Maud Boyet, directrice de recherche au CNRS, qui travaille au laboratoire Magmas et Volcans de Clermont-Ferrand… Et elle accepte de recevoir les échantillons.
« C’était un rêve de gosse que de faire expertiser nos trouvailles. Moi, je ne suis qu’un passionné, pas un chercheur. Mais vivre cela, c’était incroyable. Maud Boyet m’a même permis de toucher de la poussière de lune ! », confie avec émotion Arnaud. Si les résultats d’analyse des fragments n’arriveront qu’en septembre, il peut d’ores et déjà se satisfaire d’avoir réussi les ECOS et obtenu un classement de 6 848e qui lui permet de poursuivre dans la spécialité de son choix : la psychiatrie. « On m’avait déconseillé d’entreprendre ce voyage avant les épreuves d’examens cliniques, finalement ça a été parmi mes meilleures décisions. Je suis arrivé serein et détendu ». En attendant, le jeune homme peut se targuer d’avoir pu toucher la lune en partant à la recherche de météorites.
Série d’été – Guidé par sa passion
Dr Margaux Garzaro, hématologue et fan de hip-hop : « L’état d’esprit des danseurs m’inspire dans mon travail »
Série d’été – Guidé par sa passion
Nage en eau glacée : le Dr Alexandre Fuzeau, un généraliste qui repousse les limites du corps humain
Fuites d’eau, vétusté, mauvaise isolation… contraints d’exercer dans des Algeco, des médecins lancent une pétition
De Paris à Berlin, un interne camerounais fait tout pour devenir ophtalmologue… en France