« Depuis trente ans maintenant je fais de la chirurgie et j’ai acquis dans ce domaine un certain niveau de confort et d’aisance », se félicite le Dr Jean-Philippe Grimaud, chirurgien cardiaque à la clinique Saint-Augustin du groupe Elsan, à Bordeaux. Pourtant, à 54 ans, il s'est découvert une appétence pour la plomberie « Dans ce domaine j’étais un débutant mais c’est vite devenu une passion. » Jusqu'à en faire une seconde activité à mi-temps depuis huit ans.
Issu d’une famille d’artisans, l’un de ses grands-pères était serrurier et l’autre armurier militaire, ils lui ont transmis l’amour du bricolage. C’est cet héritage qui explique selon le Dr Grimaud sa vocation chirurgicale : « Je leur ai fait une dédicace sur ma thèse. Ils m’ont transmis l’amour du bricolage qui en ce sens n’a pas été étranger à ma vocation chirurgicale. En effet j’ai toujours eu cette volonté de trouver des solutions techniques à différents problèmes rencontrés dans mon métier », reconnaît-il. À l’âge de 8 ans, un ami de la famille lui donne envie de devenir médecin. Il ne se détournera jamais de cette vocation.
Quand la plomberie s’invite dans sa vie
Pourtant, en 2000, lorsqu’il ne parvient pas à trouver de plombier pour sa propre maison, une nouvelle aventure commence. Très vite, il se tourne vers des tutoriels sur le façonnage et l’assemblage du cuivre, puis s’inscrit à des cours de plomberie pour adultes à Bordeaux. Poussé par ses camarades, il passe le CAP de plombier. « Je n’avais rien à perdre, alors je l’ai fait ! » s’exclame-t-il.
Peu à peu, les sollicitations se multiplient. « À la clinique, le personnel me demandait de faire de petits travaux. Puis des personnes que je ne connaissais pas qui éprouvaient des difficultés pour trouver un plombier m’ont sollicité. » Le Dr Grimaud crée alors sa microentreprise et partage son temps entre le bloc opératoire et ses clients. « Quand je terminais les opérations à 20 heures, je faisais de la plomberie de 21 heures à 22 heures, sinon de 17 heures à 20 heures, et aussi les week-ends. » Cette passion occupe désormais tout son temps libre.
Une double vie souvent incomprise
Chaque année, le chirurgien cardiaque opère environ 200 patients. En parallèle, ses interventions de plomberie restent limitées, en grande partie à cause du temps de déplacement pour se rendre sur ses chantiers. Cette seconde activité n’a pas toujours été appréciée par ses confrères, qui l’ont encouragé à « réduire la voilure ».
Et pourtant, cette activité n’a rien à voir avec l’argent. Il n’a déclaré que 4 300 euros en 2024. « Je n’ai pas envie de demander plus que le remboursement des fournitures. Je n’ai pas besoin de cela pour vivre. Comme toute passion, au début c’est fantastique, puis elle s’émousse un peu. Il a fallu que je dépasse cette phase, que je concilie les deux et que je fasse des concessions. J’ai dû me rappeler que mon premier métier était la chirurgie », confie le Dr Grimaud. Il reconnaît aussi les limites physiques de cette activité : « Monter un chauffe-eau au quatrième étage d’un immeuble sans ascenseur, avec des escaliers en pierre étroits, demande une énergie que je n’ai plus. »
Cette vocation insolite a pourtant inspiré un de ses confrères. L’un d’eux a même décidé de passer un CAP de pâtisserie. Le Dr Grimaud, lui, continue de jongler entre ses deux univers.
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