L'activité sexuelle est, on le sait, un facteur important de qualité de vie. Or, elle est souvent réduite en post-infarctus par peur, à tort, de refaire un infarctus du myocarde (IDM) mais aussi en raison de la dépression, des traitements… Dans une cohorte américaine de soixantenaires, 48 % des hommes et 59 % des femmes avaient une activité sexuelle réduite 12 mois après un IDM, par rapport à avant. Plusieurs études ont néanmoins permis de documenter que l'activité sexuelle en post-infarctus n'était pas délétère en termes de morbimortalité cardiaque. Un précédent essai a notamment mis en évidence que l'activité sexuelle ne majorait pas la mortalité à 12 mois après infarctus (1). Aujourd'hui, l'analyse d'une cohorte israélienne va plus loin…
Une cohorte israélienne jeune
Les données sont issues d'une cohorte prospective israélienne consacrée aux IDM initiaux (1992-1993). L'étude explore l'impact sociodémographique, médical et psychosocial sur le devenir à long terme de jeunes patients (moins de 65 ans) hospitalisés pour un premier infarctus. Les patients étaient interrogés sur leur activité sexuelle, avant et trois à six mois après le premier IDM. Parmi eux, 5 % sont décédés en intra-hospitalier, 74 % ont répondu au premier questionnaire sur l'activité sexuelle et in fine seulement 47 % au second par manque de temps nécessaire pour joindre tout le monde. Restent 560 patients, dont 65 n'avaient pas d'activité sexuelle avant l'IDM. Soit 495 patients actifs sexuellement inclus dans l'analyse.
Ils ont 53 ans (±8) d'âge moyen et 90 % sont des hommes.
Avant l'IDM, 73 % (360 patients) étaient actifs au moins une fois par semaine mais seulement 60 % (296 patients) sont toujours aussi actifs trois à six mois après l'IDM.
Plus précisément, l'étude rapporte que :
- 43 % avaient une activité plus de trois fois par semaine en pré-IDM, 57 % ont maintenu ou augmenté cette fréquence, 43 % l'ont réduite ;
- 49 % avaient une activité deux fois par semaine en pré-IDM, seule la moitié l'a maintenue ou augmentée (51 %), les autres l'ont décrue ;
- 56 % avaient une activité une fois par semaine, 44 % l'ont maintenue ou augmentée versus 66 % de réduction ;
- 65 % avaient une activité une fois par mois 42 % ont continué, 58 % l'ont réduite ;
- enfin 59 % avaient une activité moins d'une fois par mois, 41 % ont continué, 59 % l'ont réduite.
À noter pour l'analyse, un score de propensity a été construit de manière à minimiser l'impact des cofacteurs forts associés à la mortalité. Il utilise en particulier des variables liées à l'hospitalisation index (âge, sexe, présence ou pas d'un partenaire régulier, revenus, éducation, diabète et activité sexuelle pré-IDM), des variables cardiovasculaires (évènements survenus entre l'IDM à T0 et trois à six mois après, procédure d'angioplastie, pontage, chirurgie), ainsi que des variables recueillies au cours du suivi à trois et six mois (état de santé auto-évalué, tabagisme, activité physique et score de dépression).
Avantage au sexe
Dans cette cohorte, avec plus de 20 ans de suivi et d'importants éléments informatifs permettant de minimiser les biais, le maintien ou l'augmentation de l'activité sexuelle préalable à l'IDM dans les premiers mois suivant l'infarctus est associé à une meilleure survie. Sur un suivi médian de 22 ans, alors que 43 % des sujets sont décédés, le maintien ou l'accroissement de l'activité sexuelle trois à six mois après l'infarctus, observé chez 53 % des sujets, est associé à une réduction relative de 35 % de la mortalité totale (RR = 0,65 ; 0,48-0,88) comparativement aux 47 % de sujets ayant décru, ou même arrêté, leur activité sexuelle.
L'association est en revanche moins robuste pour la mortalité cardiovasculaire, pas significativement affectée manifestement par le niveau d'activité sexuelle (RR = 0,90 ; 0,53-1,51).
Ainsi, cette étude met en évidence que non seulement continuer, voire augmenter, l'activité sexuelle n'est pas délétère pour le cœur (même mortalité cardiovasculaire) mais est même associé à une moindre mortalité totale 20 ans après l'IDM.
(1) St Lindau et al. Patterns and loss of sexual activity in the year following hospitalizationfor acute myocardial infarction (a United States National MultisiteObservational Study). Am J Cardiol 2012;109:1439–44.
(2) Cohen G et al. Resumption of sexual activity after acute myocardial infarction and long-termsurvival. European Journal of Preventive Cardiology 2020; doi:10.1093/eurjpc/zwaa011
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