Alexandre Nérot ne regrette pas son choix pour la radiologie. Le jeune homme de 27 ans, en huitième semestre d’internat à Grenoble, avait opté pour cette spécialité en 2016. Pourtant, à cette époque, certains lui prédisaient le pire avec la disparition des radiologues… remplacés par l’intelligence artificielle (IA).
Les progrès fulgurants dans ce domaine laissaient entrevoir un tel scénario 5 à 10 ans plus tard. En France, des médecins très médiatisés, le Pr Guy Vallancien, le Dr Laurent Alexandre, le Dr Dominique Dupagne… tiennent le même discours. Pas très rassurant pour les candidats à l’internat de radiologie !
Il faut regarder cette vidéo INCROYABLE : Les chinois ont organisé un grand BARNUM opposant les radiologues et l'intelligence artificielle. Un combat digne de la Rome Antique. L'IA à humilié les docteurs..... ECRABOUILLÉ @gvallancien @ClementGoehrs https://t.co/PDBHl8TjAM
— Laurent Alexandre (@dr_l_alexandre) July 4, 2018
Là où il y a des radiologues on les gardera jusqu’à leur retraite et encore! Mieux vaudrait prévoir une reconversion bien menée, mais dans les pays qui manquent de medecins l’ IA fera le boulot
— Guy Vallancien (@gvallancien) July 4, 2018
Un discours négatif que tous les internes ont entendu
« Tu n’as pas peur d’être remplacé par l’IA ? Tous les internes en radiologie ont entendu au moins une fois cette question », raconte au « Quotidien » Alexandre Nérot. Dans un texte qu’il a fait parvenir à la rédaction (voir ci-dessous), il tente de battre en brèche quelques idées reçues sur la place de l’intelligence artificielle dans sa spécialité.
Pas question de nier l’intérêt de cette technologie, bien au contraire. Il a lui-même développé un logiciel de dépistage de la sarcopénie au scanner dans le cadre de la thèse qu’il devait soutenir cette semaine. Cet outil d’analyse s’appuie sur les réseaux de neurones. Le logiciel est fonctionnel et attend une validation pour être utilisé sur le terrain. « Je me suis toujours dit que si j’allais en radiologie, c’était pour prendre à bras-le-corps l’IA et pas pour la subir », confie Alexandre Nérot.
Le radiologue toujours aux manettes
Dans son argumentaire, il souligne cependant les limites du « machine learning », les obstacles à son développement et les raisons pour lesquelles il ne croit pas aux prédictions de ses confrères. « Imaginons qu’il y ait un nouveau bond technologique et que l’IA soit encore plus performante, il restera à régler l’aspect médico-légal et éthique. Et là, c’est un vrai sac de nœuds ! », justifie l’interne. En cas d’erreur d’interprétation, qui endossera la responsabilité médicale ? « Certainement pas le concepteur du système d’IA, répond Alexandre Nérot. Ce sera toujours au radiologue d’assumer ce rôle. »
Il cite volontiers la prédiction d’un radiologue de Stanford, Curtis Langlotz : « L’IA ne remplacera pas les radiologues, mais les radiologues qui utilisent l’IA remplaceront les radiologues qui ne l’utilisent pas. »
« Je suis très optimiste sur l’avenir de notre spécialité. Avec l’IA, nous allons gagner considérablement en productivité, s’enthousiasme Alexandre Nérot. À nous de nous emparer de cette technologie ! »
Crédit : Alexandre Nérot (mail : alexandre@nerot.net)
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