« Une bonne coordination est un atout pour mieux repérer précocement les besoins en soins psychiatriques des enfants protégés, pour faciliter leur accès aux soins, pour garantir un suivi continu et approprié et pour éviter les ruptures de soins ». La Haute Autorité de santé (HAS) s’est auto-saisie, dans le cadre de son programme « santé mentale et psychiatrie » de la situation des enfants sous mesure de protection, qui subissent une double peine.
Ces jeunes ont en effet un risque plus important de présenter des troubles psychiques (anxieux, dépressifs, stress post-traumatiques) et neurodéveloppementaux (trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) ; et en même temps, des difficultés majorées d’accès aux soins psychiatriques, trop souvent en urgence. Dans le meilleur des cas, le manque de coordination entre les acteurs de la protection de l’enfance et ceux de la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent peut mettre à mal la continuité des soins. L’observatoire national de la protection de l’enfance recensait au 31 décembre 2022 près de 404 700 mineurs et jeunes majeurs en France.
Un interlocuteur identifié dans chaque établissement de santé
Pour favoriser l’accès aux soins de ces jeunes, la HAS recommande l’identification d’un interlocuteur au sein de chaque établissement de santé autorisé en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, pour assurer la liaison avec la protection de l’enfance. L’organisation doit permettre une évaluation rapide pour les premières demandes concernant des enfants protégés ; et la possibilité d’un accès à un suivi sans passer par une file d’attente en cas de changement de lieu d’accueil ou de vie.
Pour éviter les ruptures de soins, la HAS pointe les moments-clés qui exigent une transmission d’information : tantôt de la protection de l’enfance vers la psychiatrie (en amont du premier rendez-vous en psychiatrie, au moment de l’élaboration du projet pour l’enfant et des rapports de situation, etc.) ; tantôt de la psychiatrie vers la protection de l’enfance (à l’issue de la période d’évaluation, a minima une fois par an et à chaque changement significatif de prise en charge).
Pour le repérage, la HAS sensibilise chacun des acteurs à leur rôle : les professionnels de la protection de l’enfance doivent s’assurer de la réalisation du bilan obligatoire de santé et de prévention (qui intègre un volet sur la santé psychique) dans un délai d’un mois après le début de la mesure de protection. Comme le projet pour l’enfant, ce dispositif prévu par la loi Taquet de 2022 est trop peu mis en œuvre, déplore la HAS.
Il est également recommandé qu’une rencontre soit programmée avec un psychologue de la protection pour chaque enfant, et qu’une attention régulière soit portée aux éventuels signes évocateurs d’un trouble psychique ou d’un trouble du neurodéveloppement par tous les acteurs.
La HAS formule des recommandations sur les actions à mettre en place par les deux champs en cas de recours aux urgences et d’hospitalisations à temps plein. Et plus largement, elle suggère de créer une culture commune à l’échelle du territoire, via des formations, des temps d’échange, ou encore des conventions pour formaliser les rôles de chacun.
Autant de mesures qui supposent des moyens, humains et financiers, tant dans la protection de l’enfance qu’en psychiatrie, conclut la HAS.
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