ACTUELLEMENT le suivi des patients traités pour des apnées du sommeil par ventilation à pression positive continue (PPC) se fait par la visite biannuelle du technicien du prestataire qui vérifie le fonctionnement de la machine et procède au relevé des données en mémoire. Ces relevés permettent de vérifier l’efficacité du traitement et la régularité de son utilisation mais du fait de leur périodicité biannuelle ils n’autorisent pas une évaluation de l’observance du traitement pendant la période d’adaptation à la machine, dans les trois premiers mois, où le risque d’abandon est maximum.
Une analyse quotidienne des données.
L’objectif du projet Respira@dom est d’améliorer l’observance en permettant une alerte précoce en cas d’utilisation insuffisante de la machine ou pour tout problème rencontré par le patient dans l’usage de celle-ci. Dans le cadre de ce projet, les appareils de PPC seront équipés d’un module GPRS qui enverra quotidiennement les données de la nuit sur le serveur du constructeur ; ces données seront récupérées par le prestataire qui en fera l’analyse. Différents niveaux d’alerte seront définis qui conduiront à l’intervention soit du prestataire qui contactera le patient par téléphone ou se rendra à son domicile, soit éventuellement du médecin prescripteur qui pourra donner des conseils au patient ou lui demander de venir en consultation. Ce système permettra donc un monitorage très précis, au jour le jour, de la prescription, essentiellement durant la période cruciale des trois premiers mois du traitement.
Le niveau d’observance du traitement par PPC est difficile à évaluer et reste encore mal connu. On estime que 25 à 30 % des patients ne parviennent pas au seuil des trois heures d’utilisation quotidienne exigé par l’Assurance maladie pour la prise en charge du traitement. Or, on sait que les résultats du traitement en termes de somnolence et de risques cardio-vasculaires sont corrélés à la durée quotidienne d’utilisation de la machine. Pour ces malades non observants, le mode de suivi actuel aboutit souvent à une intervention trop tardive du médecin qui peut conduire à un échec de la prise en charge. Le système de télésuivi devrait permettre aux prestataires et aux prescripteurs de concentrer leurs moyens sur ces patients qui en ont le plus besoin. Ce nouveau mode de suivi sera évalué par l’étude médico-économique qui déterminera son bénéfice par rapport à un suivi classique en termes d’observance pendant les trois premiers mois de traitement ainsi que son coût.
Un volet éducatif.
Le projet Respira@dom comporte également un volet éducatif avec des conseils et informations sur un site Internet dédié au programme. Il intégrera un espace personnel d’échanges avec d’autres patients et avec les professionnels sous forme de forum mais aussi d’une communauté virtuelle qui aura pour objet de renforcer la motivation du patient. Un « serious game » dédié viendra favoriser son apprentissage d’une manière ludique. Le patient pourra également interagir avec le système via un smartphone grâce auquel il pourra télétransmettre des données sur son état et sa tolérance au traitement.
Le projet démarrera au second semestre 2012.
La faisabilité et le coût du télésuivi des patients traités pour des apnées du sommeil restent à évaluer. Mais ce mode de suivi apparaît d’ores et déjà comme une option intéressante qui pourrait être utilisée dans d’autres pathologies, notamment pour le suivi des malades en ventilation non invasive à domicile ou pour le monitorage d’autres facteurs de risque cardiovasculaire comme la pression artérielle.
Le projet Respir@dom sera présenté au colloque Industrie du Numérique et de la Santé, Centre Pierre Mendès France, 139 rue de bercy, 75012 Paris les 28 et 29 février 2012.
http://www.numerique-sante.fr/levenement
D’après un entretien avec le Pr P. Escourrou (Explorations fonctionnelles multidisciplinaires. Centre de médecine du sommeil, Hôpital Béclère, Clamart)
Pour plus de renseignements consulter : www.respiradom-project.com
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