Une nouvelle étude IPSOS* révèle le besoin de sensibiliser davantage les parents à la perte auditive. Selon 57% des parents d'enfants entendants interrogés, en cas de signes de perte auditive décelé chez l'enfant, les parents attendraient plusieurs semaines, voire plus d'un an avant de consulter un professionnel de santé.
La principale raison pour laquelle les parents attendent avant de consulter, c'est qu'ils ne se rendent pas compte de la dégradation de l'audition de leur enfant. La peur du diagnostic et le déni expliquent, également, cette attente. Dans les premiers mois de vie, les signes de surdité de l'enfant ne sont pas toujours visibles. « Il est extrêmement difficile de repérer un trouble auditif, chez un nourrisson, en se fondant uniquement sur les signes cliniques. Car les enfants sourds sont souvent très observateurs, à l'affût du moindre signe : par exemple, ils peuvent tourner la tête vers leur parent alors qu'ils ne les ont pas entendus, uniquement, en réagissent aux vibrations du plancher ou à un mouvement observé dans le champs visuel latéral », explique le Pr Natalie Loundon, spécialisée en ORL pédiatrique et chirurgie cervico-faciale à l'hôpital Necker à Paris.
Un dépistage encore limité
Par ailleurs, dans les premiers mois de vie, les enfants sourds peuvent émettre des vocalisations réflexes (roucoulements) qui peuvent rassurer, à tort, les parents. « Cette difficulté à repérer les troubles auditifs du tout-petit entraîne souvent un retard de diagnostic. En France, avant la mise en place du dépistage de la surdité en maternité, la surdité sévère à profonde n'était diagnostiquée, en moyenne, qu'à 16 mois », souligne le Pr Loundon. Voté en 2012, le dépistage néonatal systématique de la surdité en maternité ne s'est réellement mis en place qu'à partir de 2013. Certaines maternités françaises ne le proposent pas encore. « En Ile-de France, par exemple, nous ne sommes qu'à 60 % de taux de dépistage. Cela signifie qu'il y a encore beaucoup de nourrissons qui échappent à ce dépistage systématique », précise le Pr Loundon.
Eviter une perte de chance
Le diagnostic tardif peut engendrer une perte de chance, en particulier chez l'enfant ayant une surdité bilatérale, sévère à profonde, candidat potentiel à l'implant cochléaire. Les parents d'enfants ayant bénéficié d'un implant cochléaire en ont, d'ailleurs, bien conscience. D'après l'étude IPSOS, le conseil le plus donné par ces derniers (aux parents d'enfant entendants) est de faire contrôler l'audition le plus rapidement possible. « Après l’âge de 5 ans, l'enfant ayant une surdité bilatérale, profonde congénitale n'est, théoriquement, plus candidat à l'implant cochléaire. En effet, il existe une phase critique (de 0 à 2 ans) durant laquelle les aires cérébrales, nécessaires à l'audition, se développent de façon maximale. Au-delà de cette phase, le risque de faible efficacité de l'implantation cochléaire sur le développement du langage oral augmente avec l'âge. Il faut donc implanter les enfants le plus tôt possible : autour de 12 mois, dans l'idéal », note le Pr Loundon. L'implant cochléaire améliore sensiblement la qualité de vie de l'enfant : 68 % des parents d'enfants implantés affirment que -grâce à l'implant- leur enfant comprend mieux ce qu'on lui dit ; 64 % perçoivent une amélioration des résultats scolaires et 63 %, une meilleure capacité à communiquer avec les autres. Dans les prochaines années, la mise en œuvre du dépistage néonatal systématique de la surdité dans toutes les maternités françaises devrait faciliter le diagnostic précoce et donc, augmenter le nombre d'enfant bénéficiant d'implants cochléaires.
*L’étude IPSOS « La perception par les parents de la perte auditive des enfants en France » a interrogé en ligne 609 parents d’enfants de 0 à 12 ans du 21 janvier au 8 février 2016 : 507 parents d’enfants entendants et 102 parents d’enfants équipés d’un implant cochléaire
Vers une flambée des cas de rougeole en 2021 ? Des scientifiques s'inquiètent des conséquences de l'épidémie de Covid
Pour une prise en charge adéquate
Un risque de dépression à la ménopause
Les maladies rares impactées par la crise sanitaire, mais 30% des patients ont eu une prescription par mail lors de la première vague
Nawale Hadouiri, première vice-présidente de l'ISNI
« Un interne choisit une spécialité souvent après une expérience en stage »