Relire des lettres, des chiffres et des mots, tout en préservant la vision périphérique : tel est le bénéfice qu’apporterait aux patients atteints de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) un système de neurostimulation avec implant sous-rétinien, appelé Prima, et développé par une équipe internationale associant l’Institut de la vision (Inserm/CNRS/Sorbonne Université), la fondation Adolphe de Rothschild, l’Hôpital national des 15-20, l’université Stanford et la société Science Corporation.
La DMLA, qui survient généralement après 60 ans, se caractérise par la destruction de la macula, partie centrale de la rétine, responsable de la vision fine et détaillée. Aucun traitement n’existe pour la forme atrophique (ou sèche) au stade avancé, dans laquelle disparaissent progressivement les cellules photoréceptrices qui captent la lumière et transmettent les images au cerveau, provoquant alors la perte irréversible de la vision centrale.
Après des essais chez l’animal et une première étude clinique réalisée à la fondation Rothschild et aux 15-20, incluant cinq patients, le dispositif Prima a été testé chez une trentaine de patients. Les résultats sont publiés dans la revue New England Journal of Medicine.
Lunettes à réalité augmentée
Conçu par Daniel Palanker à Stanford, le système, composé d’un implant sous-rétinien et d’une paire de lunettes à réalité augmentée, court-circuite les cellules photoréceptrices mortes en transformant, au niveau de la rétine résiduelle, la lumière en signaux électriques communiqués au cerveau.
Concrètement, les lunettes sont équipées d’une caméra miniature qui capte les images et transmet le flux vidéo à un ordinateur de poche. Un algorithme améliore et grossit les images (jusqu’à douze fois), puis ce flux vidéo est converti en faisceaux de rayons infrarouges, projetés en temps réel sur un implant préalablement greffé sous la rétine. Ce dernier, une micro-puce photovoltaïque de 2 mm x 2 mm et de 30 microns d’épaisseur, comprenant 378 électrodes, est destiné à remplacer les cellules photoréceptrices mortes ; il capte le signal infrarouge et excite les cellules nerveuses voisines pour envoyer un message au cerveau. Il fonctionne sans fil : c’est l’énergie apportée par le faisceau infrarouge qui active les électrodes individuellement.
La nouvelle étude clinique a inclus 38 patients atteints de forme atrophique de DMLA, recrutés dans 17 centres dans cinq pays européens, dont la France. Âgés en moyenne de 78,9 ans, ils présentaient une vision très altérée, évaluée à l’aide de tableaux standardisés, à savoir les lignes de lettres présentes chez les ophtalmologistes. Pour être inclus dans l’essai clinique, le résultat à ce test devait être un score logMAR ≥ 1,2 pour au moins un des deux yeux, soit la quasi-impossibilité de lire les lettres affichées.
15 lettres de plus
Au total, 32 patients ont achevé l’étude, leur vision étant évaluée six puis douze mois après la mise en place de l’implant rétinien. Parmi eux, 81 % ont atteint le critère d’efficacité, à savoir une amélioration de l’acuité visuelle de 0,2 logMAR ou plus. Soit la capacité de lire au moins 10 lettres supplémentaires dans le tableau de vision après un an en portant les lunettes Prima et sans que la vision périphérique ne s’en trouve modifiée. Quelque 78 % ont eu une amélioration de 0,3 logMAR et lisaient au moins 15 lettres de plus avec les lunettes. Le bénéfice maximal a été un gain de 1,18 logMAR ; le patient a pu lire 59 lettres de plus. À un an, 84,4 % des participants ont déclaré pouvoir lire chez eux des lettres, des chiffres et des mots.
Par ailleurs, 26 événements graves ont été observés chez 19 participants, en majorité au cours des deux premiers mois : il s’agissait le plus souvent d’hypertension oculaire, mais aussi de décollements de la rétine, de trous dans la macula ou d’hémorragies sous-rétiniennes. La quasi-totalité a été résolue rapidement, spontanément ou par intervention médicale. Un suivi supplémentaire est prévu jusqu’à 36 mois. « Le bénéfice s’est révélé bien supérieur aux effets indésirables, conclut le Pr José-Alain Sahel, auteur senior de cet article et chercheur. Jusque-là, d’autres types d’implants sous-rétiniens avaient été développés, apportant un bénéfice bien moindre. C’est la première fois qu’un système permet à des patients ayant perdu la vision centrale de se remettre à lire des mots, voire des phrases, tout en préservant la vision périphérique. »
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