Amnésie totale, déambulations automatiques, absence de retentissement sur la vie diurne, ces trois assertions communément admises dans le somnambulisme sont dénoncées par des médecins de l’université de Montréal. D’après une veille scientifique sur les 15 années écoulées, l’équipe du Pr Jacques Montplaisir fait une mise au point sur ces parasomnies fascinantes et étranges. Les chercheurs insistent sur l’idée de conceptualiser le phénomène, comme étant un état où le cerveau est à la fois partiellement éveillé et partiellement endormi. « Même chez les sujets normaux, le cerveau ne glisse pas dans le sommeil d’un bloc tout d’un coup. Le sommeil pourrait survenir de façon localisée. Des zones du cerveau s’endormiraient avant d’autres. »
Un comportement insensé mais motivé
De là, il découlerait le fait que l’amnésie des somnambules n’est pas toujours totale. D’après les chercheurs, si les adolescents et adultes sont physiologiquement plus prompts à l’oubli complet, « une grande proportion d’adultes se souviennent de ce qu’ils ont fait pendant leurs épisodes de somnambulisme. Certains se souviennent même de ce qu’ils ont pensé et des émotions qu’ils ont ressenties ».
De même, le comportement lors des épisodes ne serait pas qu’automatique. « Il existe une proportion significative de somnambules qui se souviennent de ce qu’ils ont fait et qui peuvent expliquer les raisons de leurs actions. Ils sont les premiers à dire une fois éveillés que cela n’a ni queue ni tête. Pourtant, pendant l’épisode il est sous-tendu par un rationnel. » Le Pr Zadra rapporte ainsi l’anecdote du somnambule qui attrape son chien pour le doucher dans la salle de bains, parce qu’il est persuadé que son animal est en train de brûler.
Sommeil profond moins réparateur
Autre mythe dénoncé, il n’y aurait pas d’impact sur la vie diurne. D’après l’équipe canadienne, environ 45 % des somnambules souffriraient de somnolence diurne. Si les plus jeunes surmontent plus facilement la fatigue, les performances sont moins bonnes lors des tests de vigilance. Le Pr Antonio Zadra explique que leur sommeil profond à ondes lentes est atypique, « moins réparateur » puisque fragmenté avec des microréveils de 3 à 10 secondes.
La composante génétique n’est pas remise en question, puisqu’il existe un antécédent familial dans plus de 80 % des cas. La probabilité est 5 fois plus élevée chez les jumeaux monozygotes que chez les faux jumeaux. Le stress et le manque de sommeil jouent un rôle dans le déclenchement du somnambulisme. « Toute situation qui perturbe le sommeil peut entraîner des épisodes de somnambulisme chez des individus prédisposés ». Le somnambulisme, qui débute entre 6 et 12 ans, disparaît le plus souvent à la puberté. Il persiste néanmoins à l’âge adulte dans 25 % des cas et décroît au fil du temps avec la diminution physiologique du sommeil profond à ondes lentes.
Lancet Neurology, volume 12, numéro 3, mars 2013.
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