Selon un nouveau rapport publié par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) et réalisé avec Santé publique France, les passages aux urgences et hospitalisations à la suite d’une piqûre d’hyménoptère (abeille, guêpe, frelon, autres) sont stables en France sur dix ans (entre 2014 et 2023 inclus). Alors qu’ils sont la cause de 25 % des piqûres (derrière les guêpes), les frelons (toutes espèces confondues) sont responsables de 38 % des cas graves. Le frelon asiatique est sous surveillance alors que cet hyménoptère invasif est en expansion sur le territoire.
Ce rapport de toxicovigilance fait suite à une saisine de la Direction générale de la santé, alors que la loi visant à endiguer la prolifération du frelon asiatique et à préserver la filière apicole est entrée en vigueur le 15 mars 2025 (plan de lutte national, encadrement du piégeage, indemnisation des apiculteurs, information du grand public).
Espèce invasive importée en 2004 depuis le nord de l’Inde et la Chine, le Vespa velutina nigrithorax, ou frelon à pattes jaunes, mieux connu sous le nom de « frelon asiatique », a depuis colonisé toute la France. Connu pour les carnages qu’il provoque dans les ruches d’abeilles, il est aussi capable d’attaquer l’homme avec des conséquences qui peuvent être graves.
Au total, en dix ans pour les piqûres d’hyménoptères, on dénombre 6 022 appels aux centres antipoison (CAP) (dont 1,5 % étaient des cas graves), 179 141 passages aux urgences dont 2 % ont été suivis d’une hospitalisation, et 18 213 hospitalisations sans passage aux urgences. « Bien que d’ordres de grandeur différents, les données des deux sources suivaient la même évolution dans le temps », souligne l’Anses. Les recours pour piqûre d’hyménoptères ont connu un pic au cours des années 2018 et 2020, avant un reflux entre 2021 et 2023, les mois de juillet et d’août étant ceux avec le plus grand nombre de recours.
Le frelon, responsable de plus d’un quart des piqûres
Le pourcentage de piqûres de frelons (toutes espèces confondues) est d’abord resté stable, entre 20 % et 30 %, avant de passer à 40 % en 2023. Une seule piqûre d’hyménoptère avait suffi à causer l’envenimation grave dans près de la moitié des cas (48 %), un peu plus souvent en cas de frelons (53 % de piqûre unique). Pour près de la moitié des piqûres de frelons (48 %), l’espèce n’était pas identifiée ; dans un peu plus d’un quart des cas (28 %), il s’agissait de frelons à pattes jaunes ; et pour le dernier quart (24 %), de frelons communs.
Parmi les 6 022 appels aux CAP, 91 étaient graves (1,5 %), pouvant menacer le pronostic vital ou conduire au décès. Sur ces dix années, 13 % des hospitalisations pour piqûre d’hyménoptère l’étaient en réanimation ou en soins intensifs. La tendance est à l’augmentation au cours du temps. Le nombre de décès variait de 12 à 47 par année, avec trois années plus marquées : 2022 (47 décès), 2023 (37 décès) et 2018 (34 décès). Une mention de piqûre de frelon figurait dans 27 % des certificats de ces décès, variant de 15 % en 2014 à 43 % en 2023.
Le venin du frelon à pattes jaunes entraîne une réaction toxique, d’autant plus sévère que le nombre de piqûres est élevé. Son venin peut aussi être responsable d’une réaction allergique, non liée à la dose injectée, une seule piqûre suffisant à la déclencher. Du fait d’allergies croisées entre les différents venins de guêpes ou frelons, c’est le plus souvent après une piqûre de guêpe que les patients deviennent allergiques à celui des frelons.
Les experts de l'Anses anticipent « une expansion du frelon à pattes jaunes à toute l’Europe d’ici à 2100, du fait de conditions climatiques favorables à son installation ». Ils préconisent de renforcer l’information de la population sur la conduite à tenir en cas de piqûres (appeler le 15 ou le 112 en cas de piqûre dans la bouche/gorge, piqûres multiples ou allergie au venin, et si disponible utiliser tout de suite le stylo auto-injecteur d’adrénaline) ou de présence de nids de frelons (vérifier les haies/buissons avant de commencer des travaux, distance de sécurité de 5 mètres par rapport au nid, ne pas le détruire soi-même, pas de pièges maison, contacter la mairie ou directement l’organisme de lutte départemental). « La vigilance reste par ailleurs de mise pour détecter l’arrivée de nouvelles espèces de frelons invasifs, comme le frelon grand-duc (Vespa soror), récemment observé en Espagne », ajoute l’Anses.
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