Quelque 2,9 % de la population générale adulte interrogée à l’automne 2022 rapportaient une altération de l’odorat ou du goût, selon Santé publique France, dans une estimation inédite de la prévalence de ces troubles. Si l’anosmie et l’agueusie ont été médiatisées à l’occasion de la pandémie de Covid en 2020, ces troubles peuvent apparaître en dehors d’une infection des voies respiratoires et entraînent des incapacités et altérations de la qualité de vie pouvant même remettre en question l’exercice d’activités ou de métiers (cuisinier, pompier, etc.). Chez les personnes âgées, ils contribuent à la perte de l’envie de s’alimenter aux conséquences potentiellement graves.
Jusqu’à présent, il n’existait pas de données françaises sur le sujet. L’épidémiologie des troubles de la perception des odeurs et des saveurs ne s’est développée que depuis une vingtaine d’années, aux États-Unis, en Allemagne, en Chine et en Corée du Sud. Aux États-Unis, l’utilisation de mesures précises et adaptées de ces troubles dans les vagues 2011-2012 et 2013-2014 de la National Health and Nutrition Examination Survey (Nhanes) a permis d’évaluer leur prévalence autour de 20 % dans la population adulte. En France, « cette valeur de 3 % est bien inférieure à celles récemment rapportées dans les meilleures études publiées à l’étranger ; elle n’en indique pas moins la présence significative en population générale française de troubles très largement méconnus et rarement étudiés par l’épidémiologie », commentent les auteurs.
L’étude de SPF porte sur un échantillon représentatif de 10 615 adultes résidant en métropole, interrogé en deux phases entre le 2 septembre et le 31 décembre 2022, avec le double objectif d’estimer la prévalence du Covid long (dont l’anosmie et l’agueusie sont deux des 31 symptômes listés par l’OMS) et d’identifier les facteurs de risque de l’affection.
Seulement 10 % des personnes touchées auraient un Covid long
Parmi les près de 3 % de personnes concernées par une altération du goût et/ou de l’odorat, 63 % ont déclaré que cette altération existait depuis plus de deux mois et 13 % présentent un Covid long selon la définition de l’OMS, c’est-à-dire que le trouble est apparu dans les 3 mois après une infection au Sars-CoV-2, persiste depuis plus de 2 mois, a un impact sur les activités quotidiennes et n’est pas expliqué par un autre diagnostic.
Le vécu de l’anosmie varie selon les individus, avec 41 % des personnes qui déplorent un impact modéré, fort ou très fort sur leurs activités quotidiennes, et 36 % qui mentionnent un impact nul (23 % un léger impact).
Comme dans les autres études internationales, la prévalence de ces troubles diffère selon l’âge et le sexe : elle est plus élevée chez les femmes (3,2 %) que chez les hommes (2,4 %) ; et augmente avec l’âge pour atteindre 4,8 % après 75 ans. Un gradient social joue : les personnes présentant les plus faibles niveaux d’études et de revenus rapportent le plus fréquemment ces symptômes. Une plus forte prévalence observée en milieu rural (4,2 %) doit être confirmée par d’autres études (eu égard aux faibles effectifs de celle-ci).
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