Le ministre de la Santé et de l’Accès aux soins Yannick Neuder l’avait annoncé fin mai. C’est chose faite. La primoprescription des analogues du GLP-1 (aGLP-1) dans le traitement de l’obésité est élargie à tout médecin à partir du 23 juin 2025, a annoncé l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Jusqu’ici, seuls les médecins spécialistes en endocrinologie-diabétologie-nutrition ou compétents en nutrition étaient autorisés à réaliser la prescription initiale, ce qui « a pu freiner l’accès pour certains patients, du fait de délais parfois importants pour consulter un spécialiste », explique l’agence sanitaire dans un communiqué.
Wegovy (sémaglutide), Mounjaro (tirzépatide) et Saxenda (liraglutide) sont indiqués dans l’obésité en seconde intention, en cas d’échec de la prise en charge nutritionnelle et en association à un régime hypocalorique et à une activité physique. « Les aGLP-1 indiqués dans l’obésité ne doivent pas être utilisés pour la perte de poids à des fins esthétiques », rappelle l’ANSM, en raison des effets indésirables parfois graves.
Un dispositif de pharmacovigilance renforcé
C’est pourquoi l’agence maintient « une vigilance élevée sur l’utilisation de ces médicaments et une surveillance renforcée et continue des risques ». Outre les centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) de Montpellier et de Limoges qui mènent une enquête sur cette classe médicamenteuse depuis 2019, le groupement d’intérêt scientifique (GIS) Epi-Phare en collaboration avec le centre Drugs-SafeR de Bordeaux poursuit des études de pharmaco-épidémiologie (identifier un surrisque, mieux caractériser les effets indésirables). De plus, les laboratoires Novo Nordisk et Eli Lilly, producteurs des aGLP-1 Saxenda et Wegovy pour le premier et du double agoniste des récepteurs du GLP-1 et du GIP Mounjaro pour le second, sont chargés de transmettre un bilan trimestriel sur toutes les données « d’usages non conformes à l’autorisation de mise sur le marché (AMM)* de ces médicaments ».
Des effets indésirables rares et graves ont été décrits, à type de pancréatite, d’occlusion intestinale et de gastroparésie. Plusieurs signaux sont en cours d’investigation : la neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique (Noian), qui a été inscrite comme effet indésirable très rare dans le résumé des caractéristiques du produit et la notice du sémaglutide ; grossesse et contraception (des signalements à l’étranger de grossesse font craindre une perte d’efficacité de la contraception orale et des risques pour le fœtus). Par ailleurs, une surveillance à long terme est prévue sur des effets méconnus ou très rares (cancer de la thyroïde, cancers gastro-intestinaux).
Avant un déploiement des prescriptions, des étapes sont encore attendues. Si la Haute Autorité de santé a donné son feu vert en 2024 au remboursement du Wegovy et du Mounjaro, seulement en cas d’IMC ≥ 35 kg/m² pour les deux (c’est-à-dire avec des conditions plus restreintes que l’AMM) – le Saxenda ne faisant pas l’objet d’une prise en charge – , il reste à déterminer leurs prix et remboursement par l’Assurance-maladie. Le gouvernement a par ailleurs annoncé un plan obésité pour la rentrée de septembre pour une prise en charge de cette maladie chronique « sur tous les plans, éducatif, sanitaire, sportif et médicamenteux », avait déclaré Yannick Neuder en marge d’une visite de l’usine Novo Nordisk à Chartres.
* Ces médicaments injectables ont une autorisation de mise sur le marché (AMM) dans l’obésité en cas d’indice de masse corporelle ≥ 30 kg/m2 (obésité) ou ≥ 27 kg/m2 et < 30 kg/m2 (surpoids) en présence d’au moins un facteur de comorbidité lié au poids tel qu’une dysglycémie (prédiabète ou diabète de type 2), une hypertension artérielle, une dyslipidémie, un syndrome d’apnée obstructive du sommeil ou une maladie cardiovasculaire.
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