Dès fin avril, un nouveau syndrome inflammatoire rare mais sévère en lien avec une infection Covid-19 a été mis en évidence dans la population pédiatrique et rapporté dans plusieurs pays à travers le monde. Grâce à un meilleur diagnostic et une prise en charge optimisée, ce syndrome multisystémique est aujourd’hui de bon pronostic.
« Ce syndrome est bien identifié par les urgentistes et les pédiatres, qui nous adressent rapidement les enfants », indique au « Quotidien » le Pr Damien Bonnet, chef de service de cardiologie congénitale et pédiatrique à l’hôpital Necker-Enfants malades. Le suivi des patients malades au cours de la première vague est également rassurant, avec une absence de séquelles à moyen terme.
Intérêt des corticoïdes
« Ce syndrome inflammatoire est notamment caractérisé par une fièvre importante, des troubles digestifs et une atteinte du muscle cardiaque, rapidement réversibles avec les traitements », décrit le Pr Bonnet. Si le syndrome inflammatoire multisystémique de l’enfant (Multi-Inflammatory Syndrome in Children, MIS-C) a initialement été rapproché d’une maladie de Kawasaki en raison de certaines similitudes, les éléments physiologiques et cardiologiques tendent à montrer qu’il s’agit d’une entité distincte.
Un diagnostic basé sur l'échographie
Ce syndrome survient environ une dizaine de jours après une infection Covid – souvent asymptomatique – et concerne des enfants plus âgés que la maladie de Kawasaki. Dans le service de Necker, l’âge moyen des patients est de 9-10 ans, mais il existe aussi des cas de jeunes adultes.
Avec son équipe, le Pr Bonnet a mis en évidence l’intérêt de traiter les jeunes patients par corticoïdes, en complément des immunoglobulines polyvalentes (1) : « l’amélioration du tableau clinique est spectaculaire, les patients ne restent pas plus de 48 heures en service de soins intensifs », précise-t-il. Et alors qu’au cours de la première vague, des décès avaient été rapportés aux États-Unis et en Europe, la mortalité est désormais nulle.
Le diagnostic est également plus précoce. Il repose sur les signes cliniques et biologiques ainsi que sur l’échographie cardiaque. « Cet examen est d’une grande précision pour mettre en évidence la présence d’un œdème cardiaque et distinguer ce syndrome d’autres pathologies inflammatoires », souligne le pédiatre.
Aucun facteur de risque particulier n’a été identifié jusque-là. « Le syndrome multisystémique semble concerner davantage les enfants d’origine afro-caribéenne, mais les données ne permettent pas d’affirmer qu’il s’agit d’une susceptibilité génétique, il s’agit peut-être d’un risque lié à l’environnement », souligne le Pr Bonnet. La piste génétique n’est donc pas exclue. Par ailleurs, la prévalence des comorbidités parmi les patients MIS-C ne diffère pas de celle de la population générale.
« Dans mon service à Necker, nous avons pris en charge 50 patients au cours de la première vague, 29 lors de la deuxième ainsi que quelques cas durant l’été, détaille le Pr Bonnet, qui évoque une deuxième vague moins haute que la première. Au niveau national, 254 cas ont été rapportés au total en date du 17 novembre, mais ces données ne sont pas exhaustives ».
(1) Z Belhadjer et al., Circulation, 2020, DOI: 10.1161/CIRCULATIONAHA.120.050147
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