Quel est l'effet des statines sur l'évolution de l'infection Covid-19 ? Une étude rétrospective chinoise menée dans 21 hôpitaux de la province du Hubei se veut rassurante en suggérant même un effet bénéfique avec diminution de la mortalité à 28 jours.
Dans « Cell metabolism », l'équipe dirigée par Changjiang Zhang montre que la mortalité toutes causes à 28 jours s'élève à 9,4 % chez les sujets sans statines contre 5,2 % chez ceux traités par ces hypolipémiants. Autrement dit, le risque de mortalité était diminué de 42 % dans le groupe statines.
Des inquiétudes avaient été exprimées quant à l'utilisation des statines au cours de l'infection Covid. Chez l'animal, il avait été montré que cette classe médicamenteuse entraînait une augmentation de l'ACE2, le récepteur d'entrée du virus. Dans le même temps, un effet bénéfique des statines était escompté, compte tenu de leurs effets anti-inflammatoires et immunomodulateurs, comme cela avait été observé au cours d'autres pneumonies, bactériennes et virales.
Un dilemme comparable pour les IEC et ARA2
Ce dilemme scientifique est similaire à celui concernant les bloqueurs du système rénine-angiotensine-aldostérone, à savoir les inhibiteurs de l'enzyme de conversion (IEC) et les antagonistes des récepteurs de l'angiotensine 2 (ARA2 ou sartans). Depuis le début de la pandémie, plusieurs études ont conclu à l'absence d'effet délétère de ces antihypertenseurs, en suggérant même un effet bénéfique.
Dans cette étude, parmi les 13 981 patients infectés hospitalisés, 1 219 participants étaient traités par statines (à 83,2 % par atorvastatine). Plus âgés en moyenne (66 versus 57 ans), ces derniers étaient plus souvent atteints de maladies chroniques : hypertension artérielle (81,5 % versus 30,1 %), diabète de type 2 (34,0 % versus 14,6 %), maladie coronarienne (36,3 % versus 5,7 %), maladies cérébrovasculaires (8,8 % versus 2,3 %) ou encore maladie rénale (5,2 % versus 3,1 %).
À l'admission, ils présentaient à davantage de lésions pulmonaires bilatérales au TDM ainsi que des marqueurs de l'inflammation (neutrophiles, procalcitonine et D-dimères) plus élevés. Pour minimiser ces différences, une analyse avec un ratio 1:4 a apparié 861 participants du groupe statine à 3 444 du groupe non traité par hypolipémiants.
Outre une moindre mortalité hospitalière toutes causes, il ressort de leur analyse que les sujets traités par statines présentaient une meilleure réponse inflammatoire sur trois marqueurs, à savoir la CRP, l'interleukine 6 et les neutrophiles. L'association d'un IEC ou d'un ARA2 n'a pas eu d'effet sur l'évolution dans la cohorte.
Pour les auteurs, leurs résultats vont dans le sens d'un intérêt au traitement par statines au cours de l'infection à SARS-CoV-2, potentiellement via des effets immunomodulateurs, « les bénéfices contrebalançant les risques », écrivent-ils tout en appelant à des essais prospectifs randomisés de confirmation.
X Zhang et al. Cell metabolism, 2020. doi.org/10.1016/j.cmet.2020.06.015
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