Devenu un problème mondial, les bactéries hautement résistantes (BHR) sont une plaie pour les hôpitaux qui doivent s’armer de multiples précautions.
Au CHU de Nîmes, centre de référence pour la région Languedoc-Roussillon, près de 2 500 dépistages ont été effectués cette année. Réalisés par le service de microbiologie dirigé par le Pr Jean-Philippe Lavigne, par ailleurs responsable d’une équipe à l’INSERM, ces dépistages sont ici systématiques en service de réanimation où les BHR sont susceptibles d’être mortelles.
À l’instar d’autres établissements, aucun cas de BHR n’avait été détecté en 2011 et 2012. Quatre alertes ont été en revanche été relevées en 2013, et 14 en 2014. Une recrudescence observée au niveau national et particulièrement accrue dans le sud de la France, notamment du fait des échanges avec le sud de la Méditerranée. « Beaucoup de patients porteurs de ces bactéries ont fait de plus ou moins longs séjours dans le Maghreb, avance le Pr Lavigne. C’est impossible, mais il faudrait dépister l’ensemble des patients revenant de l’étranger qui entrent à l’hôpital. » Outre, le temps matériel et humain manquants, c’est également la méthode de dépistage qui présente un frein. L’examen consistant à un écouvillonnage du rectum. « Les hôpitaux scandinaves le font. Ici, sans doute pour une question de culture, nous ne le faisons pas. À défaut, nous systématisons l’examen en service de réanimation. Dans les pays pauvres, on constate un taux de mortalité allant de 60 à 70 % à cause des BHR. »
Un coût élevé
En cas de détection d’un patient porteur, ce même dépistage est étendu à l’ensemble des patients dit contacts. À Nîmes, cette précaution a, jusqu’ici, empêché les BHR de s’étendre aux autres patients sains. Des dépistages qui ont un coût unitaire de 4,50 euros. « J’ai également mené une étude médico-économique à partir d’un cas à Nîmes, précise le Pr Lavigne. Avec 472 personnes screenées, quatre cas non liés supplémentaires ont été retrouvés. Au total, le coût s’est élevé à 80 952 euros pour le CHU », précise-t-il.
Malgré les préconisations des services d’hygiène du CHU, il est bien difficile dans la pratique de les respecter à la lettre. « C’est compliqué. En exagérant un peu, il faudrait presque que les patients ne se croisent pas et il faudrait nettoyer chaque objet qu’ils touchent », ironise un médecin du CHU de Nîmes qui a été confronté au dilemme. « Plus sérieusement, cela réclame que le patient sorte le moins possible de sa chambre, cela rend compliqué les examens complémentaires et la prise en charge sur plateau technique. »
Selon le Pr Lavigne, le meilleur moyen de ne pas propager la bactérie reste de se laver les mains. « Les BHR se répandent partout et ne sont plus seulement cantonnées à l’hôpital, comme pouvaient l’être les bactéries multi-résistantes que l’on rencontrait au début des années 2000, soutient le praticien. Une étude au domicile de patients porteurs a montré que sans précaution particulière, 30 % de l’entourage familiale devenait lui aussi porteur. »
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