Les données épidémiologiques actuelles permettent d’évaluer à environ 150 millions le nombre de porteurs chroniques du virus de l’hépatite C dans le monde, avec une séroprévalence moyenne d’environ 2,2 %. En France, l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites (ANRS) estime à environ 230 000 le nombre de personnes séropositives pour le VHC, dont 65 % en infection chronique. Un chiffre qui prête encore à discussion et qui pourrait être plus élevé, selon certaines études. Ce sont les chiffres présentés lors de la 3e rencontre régionale Hépicure qui s’est déroulée le 13 février à Paris, qui avait pour thème la question du parcours de soins dans l’hépatite C. L’occasion de faire un état des lieux de la prise en charge avec les médecins et les associations de patients et d’appeler, pour beaucoup, à la mise en place d’un dépistage systématique.
On estime encore que 24 % des patients infectés par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) sont également infectés par le VHC. L’évolution silencieuse de la maladie et la fréquence élevée d’établissement d’infections chroniques expliquent l’existence d’un grand réservoir de sujets infectés. Enfin, plus d’un tiers des sujets infectés vivant en France ignoreraient être porteurs du virus.
Pour un dépistage systématique
Pour le Pr Patrick Marcellin, chef du service Hépato-Gastro-Entérologie de l’hôpital Beaujon à Paris, les données actuelles sont simples : « L’arrivée de nouvelles thérapies dont l’efficacité est scientifiquement prouvée nous permet désormais de guérir 95 % des malades en 3 mois, sans effet secondaire. Les conséquences sur l’amélioration de la survie de ces personnes et sur la baisse de la survenue de cancers liés au VHC sont évidentes ». Pour autant, « si être dépisté c’est pouvoir être guéri, nous n’avons encore pas dépisté tout le monde. Nous arrivons aujourd’hui au bout de notre logique de dépistage trop ciblé ».
Ce que le Pr Marcellin qualifie ainsi de « paradoxe du VHC » trouve écho auprès des associations de patients qui considèrent, comme Pascal Melin, médecin et président de la fédération SOS Hépatites, que la baisse de 14 % du budget de la prévention des hépatites et que le dépistage trop tardif sont des signes négatifs donnés par les autorités de santé. Rappelant que les 100 000 malades qui s’ignorent n’ont pas de facteurs de risque et sont porteurs d’une maladie silencieuse, le Pr Marcellin n’hésite pas à qualifier de « scandaleux » le fait « de ne pas donner la chance à un patient d’être guéri alors que nous avons à disposition des traitements légers avec un fort taux de réussite ». Désormais, tout indique qu’« il est temps de mettre en place un dépistage systématique ».
Tourner la page de l’interféron
Si pour Marianne L’Hénaff, membre de l’Association de recherche, de communication et d’action pour l’accès au traitement (Arcat), « il est important que le dépistage soit proposé par les médecins traitants à leurs patients », c’est surtout au grand public que le Pr Marcellin pense qu’il faut s’adresser en priorité : « L’expérience montre que les médecins traitants ne prescrivent quasiment jamais de dépistage du VHC à un patient ne présentant pas de facteurs de risque. L’idée serait plutôt d’organiser une campagne à destination du grand public et de convaincre les pouvoirs publics que cette mesure est rentable ».
Par ailleurs, tout le monde s’accorde sur le fait qu’il va falloir très rapidement exiger l’élargissement de l’accès aux nouveaux traitements aux malades les moins atteints, ainsi que faciliter l’accès aux structures de soins adaptées. Pour le Pr Marcellin, « il faut maintenant s’accorder sur les objectifs et pousser ensemble pour accélérer le processus. Nous devons tourner la page de l’interféron pour tous les malades ».
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