Chaque année, le virus influenza A est responsable d’un demi-million de décès dans le monde, des décès survenant en grande majorité (90 %) chez les-plus-de-65-ans le plus souvent en raison d'une pneumonie provoquée par une infection bactérienne secondaire.
Mais pourquoi les seniors sont-ils si vulnérables face à la grippe ? Des chercheurs de Yale offrent une explication dans une étude publiée dans « Science ».
Nouvelle approche thérapeutique
« Notre étude révèle que les cellules immunes des sujets âgés ont des réponses immunes antivirales atténuées, mais conservent néanmoins des réponses inflammatoires robustes. Nous avons constaté dans un modèle murin que la combinaison d’une faible réponse antivirale et d’une forte réponse inflammatoire entraîne une forte létalité », explique au « Quotidien » le Dr Akiko Iwasaki, une chercheuse en immunobiologie à la Yale School of Medicine (New Haven, États-Unis) qui a dirigé ce travail. L'implication clinique de l’étude est que l’inhibition de cette réponse inflammatoire pourrait constituer une bonne approche thérapeutique chez les sujets âgés grippés ».
L’équipe a comparé comment les monocytes sanguins des sujets âgés (n = 20) et des sujets jeunes (n = 33) répondent in vitro à une infection par le virus influenza A (VIA). Ils ont constaté que les monocytes (et macrophages) des sujets âgés présentent un défaut de signal pour induire la production d’interféron (IFN) type 1, une protéine antivirale clé, mais ces cellules immunes conservent un signal RIG-I intact pour activer les cytokines pro-inflammatoires et l’inflammasome. Comme le remarquent les chercheurs, une baisse d’IFN et des taux élevés de cytokines pro-inflammatoires pourraient caractériser le système immunitaire inné âgé. D’autres équipes ont déjà rapporté dans ce groupe d’âge de faibles réponses IFN envers d’autres infections virales, ou après vaccination contre la grippe.
Modèle murin
Ils ont étudié un modèle murin infecté par le virus de la grippe afin d’examiner quelles pouvaient être les conséquences d’une faible réponse IFN en présence d’une inflammation robuste. Lorsque des souris mutantes avec une faible défense antivirale (similaire à la situation chez les sujets âgés) sont infectées par le VIA, elles développent dans leurs voies respiratoires une inflammation sévère avec destruction tissulaire, ainsi qu’une prolifération bactérienne. Remarquablement, leur mortalité est indépendante de la charge virale, mais dépendante de la charge bactérienne et des dégâts tissulaires causés par les neutrophiles (recrutés par la caspase-1/11). Ainsi un bénéfice peut être obtenu par un traitement antibiotique, ou par un traitement par Pulmozyme (une désoxyribonucléase permettant de digérer les pièges extracellulaires des neutrophiles).
« Ces résultats indiquent qu’une incapacité à produire les IFNs type I favorise l’amplification virale et les dégâts tissulaires dans l’environnement respiratoire, lesquels sont propices à la prolifération bactérienne », notent les auteurs.
Bloquer les cytokines
« Si ce que nous observons chez la souris se vérifie chez l’homme, plutôt que d’essayer de bloquer la réplication virale, nous pourrions cibler les cellules immunes qui détruisent les poumons », suggère le Dr Iwasaki. « Actuellement, il n’existe pas de thérapies spécifiques inhibant les neutrophiles, précise-t-elle au « Quotidien ». Toutefois, bloquer les cytokines provoquant le recrutement des neutrophiles (au moyen par exemple de l’anakinra, un antagoniste de l’IL-1R) pourrait peut-être offrir un bénéfice. »
Science, 22 avril 2016, Pillai et coll.
Vers une flambée des cas de rougeole en 2021 ? Des scientifiques s'inquiètent des conséquences de l'épidémie de Covid
Pour une prise en charge adéquate
Un risque de dépression à la ménopause
Les maladies rares impactées par la crise sanitaire, mais 30% des patients ont eu une prescription par mail lors de la première vague
Nawale Hadouiri, première vice-présidente de l'ISNI
« Un interne choisit une spécialité souvent après une expérience en stage »