Les mères de jumeaux seraient exposées à un risque cardiovasculaire accru dans l'année suivant la naissance

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Publié le 03/02/2025
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Si les troubles hypertensifs liés à la grossesse sont associés à un surrisque cardiovasculaire par la suite, les mères de jumeaux, même sans antécédent d’hypertension gravidique, sont plus exposées dans l’année suivant la naissance.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Les grossesses gémellaires sont associées à un risque cardiovasculaire accru dans l’année suivant l’accouchement, selon une étude américaine. Le risque d’admission pour maladie cardiovasculaire est multiplié par deux chez les femmes n’ayant pas eu d’hypertension gravidique et par huit chez celles en ayant eu. L’impact des troubles hypertensifs liés à la grossesse (hypertension gestationnelle, prééclampsie, éclampsie) multiplie par près de 6 le risque cardiovasculaire chez les femmes ayant eu une grossesse simple.

Ces résultats, publiés dans European Heart Journal, sont tirés de l’analyse des données de la base nationale des réadmissions des hôpitaux américains, de 2010 à 2020. Au total, les suites de 36 millions d’accouchements ont été scrutées. Aux États-Unis, 3,1 % des grossesses sont gémellaires et environ 33 % des décès liés à la maternité sont imputables à des événements cardiovasculaires, est-il rappelé dans un éditorial associé à l’étude.

« Le taux de grossesses gémellaires a augmenté dans le monde au cours des dernières décennies, en raison des traitements de fertilité et de l'âge avancé des mères », relève le Pr Cande Ananth, de la faculté de médecine de l’université Rutgers (New Jersey), qui a mené l’étude. « Étant donné le taux élevé de mortalité maternelle au cours de la première année après la naissance en raison de maladies cardiovasculaires, nous avons voulu examiner si les grossesses gémellaires augmentent ce risque », explique-t-il.

Les chercheurs ont calculé le taux de réadmission à l’hôpital pour maladie cardiovasculaire dans l’année suivant l’accouchement. Il en ressort que, par rapport aux femmes ayant une grossesse unique avec une tension artérielle normale, le risque de réadmission pour maladie cardiovasculaire était le plus élevé pour les mères de jumeaux avec une maladie hypertensive liée à la grossesse (HR = 8,21), suivi des mères d’enfants uniques avec une maladie hypertensive (HR = 5,89) et des mères de jumeaux sans facteur de risque (HR = 1,95).

Un suivi renforcé à mettre en place

Les auteurs relèvent également qu’un an après la naissance, chez les femmes ayant eu une hypertension gravidique, les décès toutes causes confondues étaient plus élevés en cas de grossesse unique qu’en cas de grossesse gémellaire. Ce résultat suggère que le risque pour les mères de jumeaux diminue à long terme.

« Les femmes ayant eu une grossesse gémellaire doivent être conscientes de l’augmentation à court terme des complications des maladies cardiovasculaires au cours de la première année après la naissance, même si leur grossesse n’a pas été compliquée par des problèmes d’hypertension artérielle, comme la prééclampsie », avertit la Dr Ruby Lin, première autrice, appelant à un suivi renforcé jusqu’à un an après l’accouchement.

Au-delà du suivi post-partum, les signataires de l’éditorial associé invitent à « considérer le quatrième trimestre (12 semaines après l'accouchement) comme une période critique pour apporter des changements importants qui influenceront la santé cardiovasculaire à long terme ». Et d’appeler à une collaboration accrue entre obstétriciens et cardiologues pour « faire face à la crise de la mortalité maternelle » et « réduire les complications post-partum. »


Source : lequotidiendumedecin.fr