L’ensemble de ces éléments tant cliniques que descriptifs (en ce qui concerne la plante à l’origine de ces troubles), permet d’évoquer une intoxication à la datura.
Le Datura Stramonium également dénommé Jimson weed, herbe au diable, pomme poison, trompette-de-la-mort ou pomme folle, est une des trois solanacées parasympatholytiques officinales avec la belladone et la jusquiame noire.
Le nom est d’origine persane (tat ou tatula qui signifie piquant).
La connaissance de la toxicité de cette plante est ancienne ; la défaite de Marc Antoine en 36 avant J. C serait secondaire à une absorption importante de datura.
Cette plante est très commune en France, et se trouve souvent à l’état sauvage. Les feuilles sont découpées profondément et se terminent par des pointes.
La fleur est grande et présente une corolle tubuleuse qui se termine en s’évasant, donnant l’aspect d’une trompette.
Le fruit est une capsule épineuse contenant de nombreuses graines noires en forme de haricot.
La plante contient des alcaloïdes tropaniques qui représentent 0,2 et 0,5 % de la totalité de la plante.
Ces alcaloïdes sont des hyoscyamines, de l’atropine et de la scopolamine.
Un effet inhibiteur sur les récepteurs muscariniques périphériques est obtenu grâce à l’action de l’atropine, antagoniste compétitif des récepteurs à l’acétylcholine, responsable d’un important effet psychodysleptique (hallucinogène délirant).
Au niveau législatif, le datura peut être cultivé dans les jardins. Cependant sa vente en tant que stupéfiant est passible d’une forte amende et d’un emprisonnement (art. L3421-4 du Code de la Santé Publique).
Manifestations cliniques
Elles font suite, soit à une ingestion (en mangeant les graines notamment), soit à l’inhalation (en fumant les feuilles), soit en buvant le datura (les graines et les feuilles).
L’intensité des symptômes observés dépend du contexte, et de la quantité consommée.
En général, les premières manifestations apparaissent rapidement (entre 10 et 20 minutes) après l’ingestion et durent en moyenne entre 8 et 48 heures.
L’effet atropinique est prépondérant dans cette intoxication.
Ainsi on trouve :
-Une sécheresse buccale, mais aussi lacrymale, digestive et sudorale
- Des troubles visuels secondaires à une mydriase, une augmentation de la pression intra-oculaire, une paralysie des muscles ciliaires (le patient ne voit plus les objets de près : ophtalmoplégie).
-Une tachycardie (secondaire à une inhibition du nerf pneumogastrique).
-Un relâchement des fibres musculaires lisses au niveau intestinal, urinaire et bronchique.
Les troubles du comportement surviennent plus tardivement, ou suite à une intoxication plus sévère.
Les hallucinations sont les effets les plus fréquents ; le sujet peut avoir l’impression de vivre un cauchemar éveillé avec des hallucinations insupportables. Elles peuvent être auditives, visuelles (très grande variété clinique avec des confusions de couleur comme dans notre cas, des visions d’animaux, l’impression que des objets se déplacent…), sensorielles (impression de voler, de devenir un être immatériel etc.)
Elles s’associent à une désorientation spatio-temporelle, une agitation, une ataxie, des convulsions, et une importante agressivité.
Traitement
Au cours des intoxications modérées, les symptômes peuvent régresser rapidement.
Il est possible d’évacuer la substance toxique avec un lavage gastrique ou par l’utilisation de sirop d’ipéca.
L’utilisation de charbon activé limite le passage dans la circulation sanguine des toxiques.
Certains auteurs préconisent l’utilisation d’un inhibiteur de cholinestérase (physostigmine).
Cependant cette utilisation doit être effectuée avec une grande prudence, car elle expose à un risque de tachycardie, d’hyperthermie difficilement contrôlable.
Les intoxications plus massives peuvent entraîner un coma voire être mortelles (par dépression respiratoire ou arrêt cardiaque).
Cet été deux SDF sont morts après une absorption de datura. Quatre à cinq grammes de feuilles de datura peuvent contenir une dose mortelle d’alcaloïdes. Les fleurs et les graines ont une concentration encore plus élevée d’alcaloïdes que les feuilles.
Bibliographie
1.Bruneton J. Plantes toxiques. Végétaux dangereux pour l’homme et les animaux. Ed. Lavoisier 2005.
2.Datura. http://www.drogues-info-service.fr.
3.Marc B, Martis A, Moreau C, Arlie G, Kintz P, Leclerc J. Intoxication aiguës à Datura stramonium aux urgences. La Presse Médicale 2007 ; 36 : 1399-1403.
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