Une alimentation riche en polyphénols – des composés végétaux très présents dans le thé, le café, les noix, les céréales complètes, les oignons ou l'huile d'olive – est associée à une meilleure santé cardiovasculaire à long terme, confirme une étude observationnelle menée sur la cohorte britannique TwinsUK pendant plus de dix ans. La particularité de ce travail est de s’appuyer sur un nouveau score alimentaire de mesure de la consommation de polyphénols et sur une analyse de métabolites urinaires produits lors de la dégradation des polyphénols par l'organisme.
Menée par le King's College de Londres et publiée dans BMC Medicine, cette étude a porté sur 3 110 adultes (96,7 % de femmes) suivis en moyenne pendant un peu plus de 11 ans. Tous ont rempli un questionnaire alimentaire (EPIC-Norfolk) avec des données longitudinales. Pour affiner l’analyse et mieux estimer les apports alimentaires en polyphénols, les chercheurs ont eu recours au polyphenol-rich dietary score (PPS), calculé à partir de 20 groupes d'aliments prédéfinis, connus pour être riches en polyphénols, notamment le thé, le café, les céréales complètes, le chocolat, les baies et l'huile d'olive. Un sous-ensemble de 200 participants a également fourni des échantillons urinaires ponctuels, dans lesquels 114 métabolites de polyphénols ont été quantifiés. Le risque de maladies cardiovasculaires (MCV) a été évalué par deux scores de risque (ASCVD et HeartScore) et par des biomarqueurs (pression artérielle et profil lipidique).
Les acides phénoliques et les flavonoïdes, particulièrement bénéfiques
L’analyse confirme les bénéfices cardiovasculaires d’un régime riche en polyphénols. Dans le sous-groupe soumis à des analyses urinaires, les associations étaient particulièrement marquées en présence de taux élevés de métabolites de flavonoïdes, d'acides phénoliques et de tyrosols. « Le thé, le café et le vin rouge – principales sources d'acides phénoliques, de flavonoïdes, d'autres polyphénols et de stilbènes – étaient particulièrement associés à des profils cardiovasculaires plus favorables, tout comme les oignons, les poivrons, l'ail, les noix, les céréales complètes et les baies », relèvent les auteurs. Selon eux, une augmentation de 100 g/jour (soit 0,53 tasse/jour) de la consommation de thé et de café était associée à une réduction du score de risque ASCVD de 0,75 % et 1,3 % respectivement. Par ailleurs, les personnes présentant des taux plus élevés de métabolites de polyphénols présentaient un taux de cholestérol HDL plus élevé.
Alors que l’alimentation des sujets de l’étude a évolué au cours du suivi – l’avancée en âge se traduisant par une consommation importante de polyphénols –, les chercheurs ont voulu observer l’effet d’un changement alimentaire sur le risque de MCV. Ils avancent ainsi qu’« une augmentation de 10 unités de l'apport en polyphénols était associée à une réduction de 8,5 % du score de risque d'ASCVD ». Autrement dit, si le risque cardiovasculaire augmente naturellement avec l’âge, une alimentation riche en polyphénols est associée à une progression plus lente de ce risque.
Le Dr Mark Thomas, cardiologue, nuance, sur le Science Media Centre, cette conclusion de l’étude, qu’il juge par ailleurs « bien menée » et « cohérente » avec les données existantes, malgré une ampleur de l'effet « relativement faible ». Cette affirmation « suggère une causalité qui dépasse le niveau démontré dans l’étude », relève-t-il.
Un « moyen simple » de préserver sa santé cardiaque
Pour Yong Li, chercheuse en nutrition au King’s College de Londres et première autrice de l’étude, cette recherche apporte tout de même « des preuves solides qu’intégrer régulièrement des aliments riches en polyphénols à son alimentation est un moyen simple et efficace de préserver la santé cardiaque. Ces composés végétaux sont largement présents dans les aliments du quotidien, ce qui en fait une stratégie accessible à la plupart des gens ».
Saluant la qualité de l’étude tout en rappelant son caractère observationnel, Tracy Parker, diététicienne à la British Heart Foundation, souligne sur le Science Media Centre le besoin de « recherches supplémentaires pour confirmer les associations et comprendre comment d’autres facteurs liés au mode de vie, tels que l’exercice physique et la prise de médicaments, ont pu influencer les résultats ».
Le café bénéfique aussi contre le vieillissement
Chez les personnes atteintes de troubles mentaux graves (psychose, schizophrénie ou trouble bipolaire), une consommation quotidienne de café pourrait ralentir le vieillissement biologique, suggère une étude observationnelle publiée le BMJ Mental Health. Alors que les troubles psychiatriques majeurs sont associés à des télomères plus courts, indiquant un vieillissement cellulaire, boire trois à quatre tasses de café par jour serait lié à des télomères plus longs, équivalents à 5 années biologiques supplémentaires. Aucun effet n'a été observé au-delà de cette quantité. L’analyse a porté sur les données de 436 participants adultes inclus entre 2007 et 2018 dans la cohorte norvégienne TOP (Thematically Organised Psychosis).
Les auteurs mettent en avant les composés antioxydants et anti-inflammatoires présents dans le café comme hypothèse explicative. Mais, alors qu’en boire trop « peut également entraîner des dommages cellulaires et un raccourcissement des télomères par la formation d'espèces réactives de l'oxygène », ils appellent à limiter la consommation de caféine à un maximum de 400 mg par jour (soit 4 tasses de café), selon les recommandations internationales.
Dr Vincent Pradeau (Avenir Spé) : « Les spécialistes libéraux sont mobilisés et remontés comme jamais ! »
Savoir évoquer une dermatose neutrophilique
Un Pots encore mal connu
Marfan et enceinte