Les chances de survie après un arrêt cardiaque sont faibles, en particulier pour les quelque 70 % d’entre eux qui surviennent au domicile, et pour lesquels on estime que moins de 10 % des victimes sortent vivantes de l’hôpital. Si l’on sait que la présence de défibrillateurs automatiques externes (DAE) dans les lieux très fréquentés, tels que les gares, est coût-efficace, leur installation dans les domiciles permettrait-elle de réduire la morbi-mortalité liés à de tels événements en population générale ? La réponse semble être non, selon une nouvelle étude observationnelle menée par des chercheurs danois, néerlandais et canadiens.
Pour leur article publié dans le Jama Internal Medicine, les auteurs ont monté une étude de cohorte comportant 582 536 patients victimes d’un arrêt cardiaque en dehors de l’hôpital (dont 61,8 % d’hommes), à partir des données d’un registre américain, Arrest Registry to Enhance Survival in the US (qui couvre 186 millions de personnes), suivis entre janvier 2017 et décembre 2024. Un DAE a pu être utilisé chez 777 patients. Il a été constaté de meilleures chances de survie à la suite d’un arrêt cardiaque choquable survenant dans un foyer équipé d’un DAE (26 % de chances de survie supplémentaires, comparé à un foyer non équipé) mais cette amélioration n’était pas observée quand l’arrêt cardiaque n’était pas choquable. Quand ils étaient présents, « les dispositifs étaient utilisés, que le rythme cardiaque puisse être corrigé ou non par un choc électrique », observent les auteurs.
À un an, les taux de survie avec et sans DAE étaient de respectivement 6 % et de 5,4 % ; à cinq ans, ils étaient de 5,7 % et 5,2 %. L’installation d’un DAE est associée à une augmentation moyenne de 0,04 année de vie en bonne santé. « L’achat non discriminé de DAE pour équiper des maisons privées n’augmenterait la survie et la qualité de vie que pour une minorité de patients », traduisent les chercheurs.
Près de 4,5 millions de dollars par année de vie en bonne santé gagnée
À l’issue d’une étude de coût-efficacité, les auteurs sont parvenus à la conclusion que, compte tenu de la rareté des arrêts cardiaque à domicile, chaque année de vie en bonne santé gagnée au sein de leur cohorte grâce à l’installation d’un DAE coûte la bagatelle de 4,48 millions de dollars (3,81 millions d’euros). Cette somme est bien supérieure aux 200 000 dollars (171 770 euros) fixés comme seuil de rentabilité par les chercheurs. « L’achat de DAE pour les maisons privées ne peut pas être considéré comme une approche coût-efficace » de réduction de la mortalité associée aux arrêts cardiaques, résument-ils, ou en tout cas « pas avec les prix actuels de ces dispositifs ».
Pour que l’installation des DAE dans les domiciles devienne rentable, il faudrait que l’incidence annuelle d’arrêt cardiaque soit supérieure à 1,3 %, ou que le coût du défibrillateur soit inférieur à 65 dollars, sans compter le coût de formation des occupants du logement, estiment les auteurs. Pour rappel, un DAE en France coûte un peu moins de 1 000 euros sans aucune option (entretien, support mural, etc.). Aux États-Unis, les chercheurs ont relevé des prix commençant à 1 620 dollars, soit près de 1 400 euros.
Une solution théorique au problème consisterait à n’équiper que les foyers de personnes à haut risque d’arrêt cardiaque. Mais impossible de trancher cette question par des études rigoureuses, « car il faudrait randomiser des millions de domiciles privés », rappellent les auteurs.
À titre d’exemple, en 2008, des chercheurs américains et britanniques avaient recruté 7 001 personnes à haut risque d’arrêt cardiaque (ayant des antécédents d’infarctus du myocarde), dans le cadre de l’étude HAT. Ils n’étaient pas parvenus à identifier un intérêt quant à la présence d’un défibrillateur à domicile, compte tenu du faible nombre d’arrêts cardiaque y survenant au cours de l’étude.
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