Les Parcours du cœur fêtent leurs 50 ans

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Publié le 23/06/2025
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Organisés par la Fédération française de cardiologie (FFC), les Parcours du cœur visent à faire reculer les maladies cardiovasculaires, par l’information, le dépistage et l’apprentissage de pratiques de vie plus saines. En 2025, cette opération de prévention-santé s’est déroulée, du 1er avril au 30 juin. Aline Carré, déléguée générale de la FFC, revient sur la mobilisation générée par ces événements.

Aline Carré, déléguée générale de la FFC

Aline Carré, déléguée générale de la FFC
Crédit photo : DR

LE QUOTIDIEN : Il y a 50 ans, la Fédération française de cardiologie (FFC) lançait les Parcours de cœur. Pari gagné ?

ALINE CARRE : Je dirais que nous avons atteint notre objectif de diffuser des messages de prévention, sous un angle ludique, à grande échelle et au plus près de la population, grâce à notre organisation en réseau. Nos 27 associations régionales et nos 260 clubs cœur et santé — chacun étant parrainé par un cardiologue référent — accompagnent et soutiennent des Parcours du cœur adaptés aux scolaires, de la grande section de maternelle au lycée, au grand public et aux personnels des entreprises. Nous mettons à la disposition de tous les organisateurs des kits d’animation en fonction de leurs contraintes et des thématiques souhaitées : activité sportive, initiation aux gestes qui sauvent, etc. Mais le chemin à parcourir reste long : selon une étude de l’Agence nationale de sécurité sanitaire réalisée en 2022, 95 % de la population française adulte ne pratique pas suffisamment d’activité physique pour se maintenir en bonne santé.

Comment s’est déroulée l’édition 2025, axée cette année sur la sédentarité ?

Nos observatoires du cœur et le sondage Ifop sur la perception par les Français ont mis en lumière une confusion entre inactivité physique et sédentarité. À partir de ces résultats, nous avons mis en place, à Toulouse, où a été lancée l’opération, un vaste terrain de jeu avec des animations ludiques, interactives et inédites pour faire bouger le public. Nous avions par exemple une grande piscine à balles et un défi : celui de retrouver deux cœurs de la FFC en moins deux minutes. Parmi les nombreuses activités proposées, un jeu Memory a aussi permis d’identifier des astuces pour augmenter le temps d’activité physique, avec toujours la volonté de proposer des solutions simples, facilement activables et basées sur le plaisir.

Participants et organisateurs sont-ils de plus en plus nombreux à se mobiliser ?

S’agissant d’une initiative citoyenne, tout le monde peut créer son Parcours du cœur. C’est d’ailleurs le bouche-à-oreille qui fait grandir cette communauté. Par ailleurs, plus de 900 villes ont organisé des événements sur leur territoire. Il s’agit de la plus grande opération de prévention-santé en France : en 2019, nous avions réuni 750 000 personnes. La pandémie a malheureusement stoppé cet élan mais en 2024, le chiffre de 500 000 participants a été dépassé. Et puis, le Covid a aussi été source d’innovations, puisque nous avons créé en 2021 les Parcours du Cœur connectés qui permettent à chacun d’enregistrer, chaque année au mois de mai, le nombre de pas qu’il a réalisés avec l’objectif d’augmenter le nombre de kilomètres parcourus collectivement. Cette initiative préserve le côté fédérateur de notre démarche.

De quelle manière les médecins cardiologues sont-ils associés à l’événement ?

Leur présence dans les clubs, les associations régionales et au siège de la FFC et celle de nombreux professionnels de santé, nous permet d’organiser chaque année nos chaînes de dépistage. Cette année, à Toulouse, six infirmières ont proposé au public de réaliser des tests (glycémie, cholestérol, prise de tension, calcul de l’IMC) et deux cardiologues ont dressé des bilans à partir des éléments recueillis, avec une orientation vers le médecin traitant en cas de nécessité. Des brochures adaptées aux facteurs de risque de chaque participant leur ont été remises et les médecins se sont également assuré de la compréhension de l’importance des constantes qui avaient été relevées. Les généralistes sont aussi des partenaires essentiels de nos opérations. Ce sont eux qui les premiers détectent des comportements à risque.

Si vous deviez citer une initiative exemplaire, quelle serait-elle ?

Je pense à la mise en place d’une initiation aux gestes qui sauvent destinée aux petits en Picardie. Cette action permet de sensibiliser des enfants, même si le but n’est évidemment pas de leur apprendre à masser. En revanche, si un accident cardiaque se déroule devant eux, il est important qu’ils aient mémorisé d’appeler le 15.

Voir quelqu’un tomber devant soi est impressionnant — pour cette opération, le nounours est au sol —, tout comme l’est le massage pour réamorcer la circulation sanguine. On apprend le plus tôt possible, puis tout au long de la vie, à sauver des vies, à faire en sorte que les bons gestes deviennent un réflexe le moment venu. Je pourrai citer beaucoup d’autres actions. Par exemple, à Paris en 2024, nous avions proposé des activités liées aux nouveaux sports des Jeux Olympiques : escalade, breakdance et skateboard. Succès total !

Hélène Delmotte

Source : lequotidiendumedecin.fr