LE QUOTIDIEN : Pour quelles raisons vous êtes-vous intéressé à l’holoscope ?
PR ERWAN DONAL : Nous réalisons de nombreuses procédures interventionnelles percutanées sur les valvulopathies. Nous avons par exemple mené une étude randomisée, Tri.fr, validant l’usage des clips pour traiter les fuites tricuspides. Cette spécificité nous positionne comme centre important en France et au-delà. Cela étant précisé, les fuites de la valve tricuspide sont complexes, car l’anatomie de la valve tricuspide varie beaucoup d’un patient à l’autre et sa visualisation en échographie est difficile, car les feuillets sont très fins. Nous cherchions donc une technologie capable d’améliorer la fiabilité des images générées. C’est ainsi que nous nous sommes intéressés à l’holoscope, dans le cadre de notre travail de veille sur les innovations technologiques. Par suite d’un appel à projets du Fonds Nominoë, nous avons pu acquérir cet appareil, unique en France, début août. Seuls trois sont disponibles dans le monde : aux États-Unis, en Allemagne et à Rennes.
Quels sont les atouts de l’holoscope dans votre pratique ?
Cet outil révolutionnaire transforme les images issues du scanner et de l’échocardiographie en hologrammes 3D interactifs, affichés en temps réel dans la salle d’intervention. C’est une révolution pour la cardiologie interventionnelle. L’holoscope permet de faire « sortir » le cœur de l’écran : nous le voyons dans son intégralité en 3D, nous pouvons le manipuler, zoomer, le couper virtuellement et l’observer sous tous les angles. Cela nous permet de mieux comprendre son anatomie complexe, ses reliefs et d’améliorer la sécurité et la précision des interventions.
L’holoscope facilite-t-il les interventions sur d’autres valves ?
Nous l’utilisons effectivement pour d’autres valves, comme la mitrale par exemple, dans des chirurgies mini-invasives. Nous avons également réalisé des implantations de prothèse par voie apicale du ventricule gauche. L’holoscope permet non seulement de traiter des cas complexes mais aussi de former des praticiens moins expérimentés et d’intégrer de nouvelles technologies dans notre pratique avec l’objectif de mieux soigner et de transmettre notre savoir.
Quels sont les bénéfices pour les patients ?
Les interventions sont plus ciblées, mieux préparées et moins invasives. Certaines interventions mitrales peuvent désormais être réalisées en ambulatoire, permettant une récupération rapide alors qu’elles nécessitaient il y a peu une dizaine de jours d’hospitalisation. Nous avons déjà appliqué cette méthode chez une quinzaine de patients.
Comment travaillez-vous avec le Fonds Nominoë* ?
Ce fonds, qui est essentiel pour nous, finance des projets pour la Bretagne en sollicitant des particuliers, ainsi que des industriels et des entrepreneurs locaux, mais pas que. Tous se sentent concernés. Lorsque j’ai défendu mon dossier, j’ai été une nouvelle fois impressionné par leur volonté de valoriser le territoire et d’améliorer la prise en charge des patients. Leur objectif n’est pas de réaliser un investissement ponctuel, ils recherchent l’efficacité et le pragmatisme, ce qui est un atout incontestable pour nous médecins.
Ce fonds vous a également permis d’acquérir des casques de réalité virtuelle. Dans quels cas y recourez-vous ?
Nous les utilisons pour les échographies transoesophagiennes à l’unité d’exploration non invasive. Avaler une sonde, sous anesthésie locale, pour nous permettre de voir le cœur est souvent inconfortable pour les patients. Les casques de réalité virtuelle permettent de les détendre, en les transportant dans un environnement agréable pendant une quinzaine de minutes. Ce moment de relaxation intense rend l’examen plus facile et plus confortable pour tout le monde.
* Depuis 2014, le Fonds Nominoë a permis de financer plus de 45 projets innovants pour améliorer les soins ou le confort des patients au CHU de Rennes.
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