Deux « polluants éternels », l’acide perfluorooctanoïque (PFOA) et l’acide perfluorooctanesulfonique (PFOS), ont été classés cancérogènes, de façon avérée pour le premier et possiblement pour le second, par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), cette agence spécialisée de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Ces deux composés fluorés appartiennent au groupe des substances per et polyfluoroalkylées (PFAS), connues pour leur résistance à la dégradation, et largement utilisées par les industriels pour leurs propriétés antiadhésives, résistantes aux fortes chaleurs et imperméabilisantes.
On retrouve ces substances dans de nombreux produits : emballages alimentaires, tapis, matériaux de construction, cosmétiques, ustensiles de cuisine, vêtements imperméables, mousses d’extinction d’incendie, etc. « Omniprésents dans l’environnement, même dans les zones les plus reculées », souligne le Circ, ces PFAS ont été détectés dans des systèmes d’approvisionnement en eau potable.
Pour évaluer leur toxicité, un groupe de travail de 30 experts internationaux de 11 pays a mené une analyse de la littérature dans le cadre du programme des monographies du Circ, du 7 au 14 novembre à Lyon. Un résumé des conclusions a été publié dans The Lancet Oncology, avant une évaluation détaillée en 2024 dans la revue du Circ.
Interdiction en Europe
Il en ressort un classement du PFOA comme « cancérogène pour l’homme » (groupe 1). Il existe des indications « suffisantes » de sa cancérogénicité chez l’animal de laboratoire et des indications mécanistiques « fortes » (pour les altérations épigénétiques et l’immunosuppression) chez les individus exposés. Pour le cancer chez l’humain (carcinome cellulaire rénal et cancer du testicule), les indications sont « limitées », mais les indications mécanistiques sont « fortes » pour les cellules primaires humaines et les systèmes expérimentaux (pour les altérations épigénétiques et l’immunosuppression, ainsi que pour plusieurs autres caractéristiques clés d’agents cancérogènes).
Concernant le PFOS, il est classé comme « peut-être cancérogène pour l’homme » (groupe 2B). L’étude de la littérature a mis en évidence des indications mécanistiques « fortes » dans les systèmes d’essai, notamment chez les individus exposés (pour les altérations épigénétiques et l’immunosuppression, ainsi que pour plusieurs autres caractéristiques clés d’agents cancérogènes). Les indications de cancérogénicité étaient « limitées » chez l’animal de laboratoire et « insuffisantes » chez l’homme.
Les populations les plus exposées se comptent parmi les travailleurs impliqués dans la production, l’inhalation étant alors la principale voie. Ces expositions ont diminué avec l’introduction de restrictions d’usages dans certains pays et une interdiction en Europe en 2009 pour les PFOS et en 2019 pour les PFOA.
Les employés des filières de gestion de déchets sont toujours concernés. Le recours à ces substances dans les mousses anti-incendie (également connues comme mousses aqueuses filmogènes) a aussi été restreint dans de nombreux pays, mais les pompiers peuvent encore être exposés en cas d’utilisation d’anciens stocks de mousses aqueuses filmogènes.
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