Une consommation élevée d’oméga-3 d’origine marine (poisson gras ou suppléments d’huile de poisson) pourrait augmenter le risque de cancer de la prostate. Les hommes ayant des concentrations sanguines élevées d’acides gras oméga-3 ont un risque augmenté de cancer de la prostate.
Si une association de cause à effet reste à prouver, il apparait prudent pour les hommes d’éviter l’excès d’apport. « La confirmation de ces résultats suggère que ces acides gras sont impliqués dans la tumorigenèse de la prostate et les recommandations pour augmenter l’apport en acides gras oméga 3 devraient prendre en compte leurs risques potentiels », concluent Brasky et coll. dans une étude publiée dans le Journal of the National Cancer Institute.
Un résultat inattendu
La même équipe avait rapporté dans une étude publiée en 2011 que des concentrations sanguines élevées en oméga-3 DHA étaient associées à un risque deux fois plus élevé de cancer de la prostate de haut grade (agressif). Ce résultat était tout à fait inattendu ; les oméga-3, des acides gras poly-insaturés essentiels, sont plutôt réputés pour leur bienfaits sur la santé et possèdent des propriétés anti-inflammatoires.
Or, l’inflammation joue un rôle dans le développement et la croissance de nombreux cancers. Leur nouvelle étude a utilisé les données de l’étude SELECT, menée chez plus de 35 500 hommes randomisés entre 2001 et 2004 afin d’evaluer si le sélénium et la vitamine E pouvait prévenir le cancer de la prostate ; les résultats n’avaient pas montré d’effet préventif.
Ils ont comparé les 834 hommes ayant developpé un cancer de la prostate durant le suivi (834 cas, dont 156 cas de cancer agressif) à une sous-cohorte de 1 393 hommes appariés pour l’âge et la race et sélectionnés au hasard parmi toute la cohorte initiale de l’étude SELECT (29 ont développé un cancer de la prostate).
Dans cette étude de cas-cohorte, ils ont examiné les associations entre les taux plasmatiques d’acides gras et le risque de cancer de la prostate.
Les hommes, dont les taux sanguins d’oméga-3 à longue chaîne (EPA, DPA, DHA; trouvés dans les poissons) sont situés dans le quartile supérieur, ont un risque de cancer de la prostate augmenté de 43% par rapport aux hommes dont les taux sont les plus bas (dans le quartile inférieur), avec un risque augmenté de 71% pour la forme agressive et de 44% pour la forme peu évolutive. Ces associations sont similaires pour chacun de ces oméga-3.
La différence entre les taux sanguins de ces oméga-3 dans le groupe à haut risque et le groupe à bas risque revient approximativement à manger du saumon deux fois par semaine, estime le Dr Kristal (Fred Hutchinson Cancer Center, Seattle).
Quid des taux d’oméga-3 d’origine végétale ?
Par contraste, les taux d’oméga-3 d’origine végétale (ALA, trouvé dans les huiles de colza, de soja... et dans les graines de lin) n’affectent pas le risque de cancer de la prostate, venant confirmer la majorité des études.
Un autre résultat surprenant concerne les acides gras poly-insaturés oméga-6 (LA ou acide linoléique, huiles végétales), considérés pro-inflammatoires. Leur taux sanguin élevé s’avère associé à un risque réduit de cancer de la prostate (réduction de 23% globalement et 25% pour la forme peu évolutive).
« Ces résultats sont contraires à l’attente selon laquelle une consommation élevée d’acides gras oméga-3 à longue chaîne, et une consommation faible d’acides gras oméga-6, réduiraient le risque de cancer de la prostate », notent les chercheurs.
Les futures études devront élucider les mécanismes sous-tendant l’association entre les oméga-3 de poisson et le risque de cancer de la prostate. Un effet potentiellement néfaste de ces oméga-3 est leur conversion en composés endommageant les cellules et l’ADN, ainsi que leur rôle dans l’immunosuppression. On ignore si ces effets affectent le risque de cancer.
En attendant d’en savoir plus, il pourrait être prudent pour les hommes d’éviter les suppléments d’huile de poisson puissamment dosés. D’autant qu’une récente méta-analyse d’essais cliniques (JAMA, 2012) a montré qu’une supplémentation en oméga-3 à longue chaîne (EPA, DPA, DHA) ne reduit pas la mortalité globale, ni les décès cardiaques, ou encore les infarctus du myocarde ou les accidents vasculaires cérébraux.
Les principaux facteurs de risque connus pour le cancer de la prostate sont l’âge, la race et les facteurs génétiques.
Journal of the National Cancer Institute, 11 juillet 2013, Brasky et coll.
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