Lumière douce, musique relaxante, fauteuils massants, soins multidisciplinaires, café et douceurs offerts à tous… la Bulle du personnel a pour objectif de soutenir les soignants et l'ensemble des salariés de l'hôpital. « Avec l'annonce du premier confinement en mars 2020, nous souhaitions nous rendre utiles. Nous pensions au départ aider les équipes d'urgence ou les patients atteints de Covid-19, seuls, en fin de vie. Mais le retour d'expérience des Italiens et de la région Grand-Est (les premiers à être touchés par la première vague) nous a fait prendre conscience de l'épuisement des soignants. Au sein de notre service dédié à la douleur chronique, nous avions l'habitude de prendre en charge les patients de façon pluridisciplinaire et globale. Nous avons alors décidé de mettre nos compétences au profit de l'ensemble du personnel de l'hôpital. C'est ainsi qu'est né notre projet », souligne la Dr Marguerite d’Ussel, responsable de la consultation douleur chronique et de la Bulle du personnel, à l'hôpital Saint-Joseph (Paris).
Une équipe pluridisciplinaire
Pendant le premier confinement, toutes les activités non urgentes de l'hôpital, hors Covid-19, étaient interrompues. « Nous nous sommes installés dans un espace dédié pour créer la Bulle du personnel : nous avons bénéficié de notre salle d'attente et d'une partie de nos box de consultation », note la Dr d'Ussel. Outre son cadre chaleureux et propice à la détente, la Bulle du personnel offre à tous les salariés de l'hôpital, la possibilité de bénéficier de soins spécifiques : hypnose, sophrologie, kinésithérapie, psychothérapie… « Notre projet a, dès le départ, suscité un élan de solidarité général. Des infirmières et des bénévoles se rendaient disponibles le soir, après leur travail ou durant leurs jours de repos pour apporter un soutien à tous les salariés qui venaient à la Bulle. Des entreprises ainsi que la Fondation de France, la Fondation des Hôpitaux et l'association « Solidarité avec les soignants » créée par Anne Roumanoff, nous ont financés et offert du matériel : fauteuils massants, meubles, décoration… Ils ont tous été très généreux », ajoute la Dr D'Ussel.
Aujourd'hui, cette bulle de détente dispose d'un personnel dédié. Tous les jours, une infirmière (à temps plein) y assure l'accueil des salariés de l'hôpital, la gestion et l'animation de cet espace. Des séances de kinésithérapie et de psychothérapie y sont offertes un jour sur deux. Des sessions d'hypnose, des cours de yoga et de sophrologie y sont proposés tous les jours. Par ailleurs, une tabacologue propose des consultations sur rendez-vous, une fois par semaine. Tous travaillent en réseau et sont, ainsi, à même d'orienter la personne vers un professionnel de santé spécifique (psychiatre, par exemple), si nécessaire. « La Bulle répond à un réel besoin. Très vite, nous y avons enregistré environ 80 passages par jour de salariés très divers : médecins, chirurgiens, secrétaires, techniciens… Cette diversité a permis, à des personnes issues de différents services, de pouvoir échanger. Cela a été bénéfique pour tous », assure la Dr D'Ussel.
Mieux repérer le personnel vulnérable
D'abord créée pour accompagner le personnel éprouvé par la gestion de la crise sanitaire, la Bulle du personnel a désormais un objectif plus large et pérenne. « En mai 2020, lorsque les services de l'hôpital ont rouvert leurs portes, la direction nous a obtenu un espace dédié : elle nous a permis de récupérer la moitié de la cafétéria pour y installer la Bulle. Nous en sommes ravis car il s'agit d'un lieu central compte tenu de l'architecture de notre hôpital. Notre Bulle est donc désormais installée durablement sur le site de Saint-Joseph. Pour la direction, le besoin de soutien du personnel préexistait à la crise du Covid-19 : elle a donc décidé de créer une unité fonctionnelle dédiée à notre activité », précise la Dr d'Ussel. Depuis mai dernier, l'autre site hospitalier du groupe, l'hôpital Marie Lannelongue (Plessis-Robinson) a créé sa propre Bulle du personnel sur le même modèle, avec succès. « Aujourd'hui, les personnes qui viennent à la Bulle, le font de manière préventive, pour se détendre et éviter le surmenage. Nous avons mené une enquête, l'été dernier, auprès des salariés du groupe hospitalier Saint-Joseph, montrant que 40 % souffrent d'anxiété, 20 % de dépression et 14 % d'un état de stress post-traumatique. Notre prochain défi, c'est d'attirer les salariés qui en ont vraiment besoin au sein de notre Bulle : ceux qui sont épuisés et souffrent d'une mauvaise santé mentale. À l'avenir, les cadres et les chefs de service devraient repérer davantage ces personnes, afin qu'elles puissent y obtenir un soutien et une prise en charge solides », conclut la Dr d'Ussel.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?