Cancer du sein : réduire les effets indésirables vasomoteurs des traitements

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Publié le 19/06/2025
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Alors que les effets indésirables vasomoteurs sont fréquents avec les traitements du cancer du sein, une étude du New England Journal of Medicine suggère un intérêt pour le contrôle de ce type de symptômes d’un candidat médicament initialement développé dans la ménopause : l’élinzanétant.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Jusqu’à 90 % des femmes ayant un de cancer du sein traité par tamoxifène ou inhibiteurs de l’aromatase pourraient connaître des symptômes vasomoteurs (bouffées de chaleur) dégradant leur qualité de vie. C’est ce que rappelle un éditorial du New England Journal of Medicine (NEJM) publié ce mois de juin.

L’hormonothérapie, utilisée pour réduire le risque de rechute et améliorer la survie, à l’origine d’une réduction ou d’un blocage oestrogénique, contre-indique de fait tout traitement hormonal substitutif, qui pourrait contribuer à réduire ces symptômes dans cette population.

Un traitement non hormonal, antagoniste double NK-1,3

Depuis quelques années, un candidat médicament non hormonal est développé contre les symptômes vasomoteurs modérés à graves associés à la ménopause : l’élinzanetant, un antagoniste double des récepteurs de la neurokinine-1 et de la neurokinine-3 (NK-1,3). Il module les neurones KNDy, situés dans l’hypothalamus et impliqués dans la thermorégulation. Or, ces neurones deviennent hypertrophiques en cas de diminution des taux d’estrogènes.

Deux essais de phase 3, Oasis 1 et 2, ont suggéré une efficacité clinique de l’élinzanetant chez des femmes atteintes de bouffées de chaleur à la ménopause (1). D’où l’idée de tester cette thérapie non hormonale également dans le traitement des bouffées vasomotrices associées au traitement du cancer du sein.

Pour évaluer l’intérêt de l’élinzanetant dans cette indication, l’essai de phase 3 Oasis-4 a été lancé auprès de 474 femmes de 18 à 70 ans présentant des symptômes vasomoteurs modérés à sévères associés à une hormonothérapie en traitement ou en prévention secondaire d’un cancer du sein HR+ (2).

Ces participantes ont été randomisées pour recevoir en 2:1 soit de l’élinzanetant, per os 120 mg par jour pendant 52 semaines, soit un placebo pendant 12 semaines, puis 120 mg par jour d’élinzanétant pendant 40 semaines. Le critère de jugement primaire concernait la variation de la fréquence quotidienne moyenne des bouffées vasomotrices modérées à sévères entre le début de l’étude, la semaine 4 et la semaine 12.

Près de huit bouffées vasomotrices en moins par jour

Les résultats apparaissent plutôt positifs, avec des symptômes vasomoteurs associés à l’hormonothérapie moins fréquents. Alors que la fréquence moyenne des bouffées vasomotrice était similaire dans les deux groupes au début de l’étude (de 11,4 à 11,5 épisodes par jour), à quatre semaines, une différence commençait à se manifester entre les deux bras de l’étude, avec une réduction de 6,5 épisodes par jour dans le groupe n’ayant reçu que de l’élinzanétant, contre seulement -3,0/j dans le groupe ayant reçu un placebo puis de l’élinzanétant.

12 semaines après le début de l’étude, les participantes du premier groupe manifestaient toujours une réduction plus importante du nombre de bouffées vasomotrices (-7,8/j par rapport à l’entrée dans l’étude) que celles du groupe placebo puis élinzanétant (-4,2/j).

Concernant la sécurité du traitement, l’article mentionne la survenue d’effets indésirables graves chez 8 participantes du groupe elinzanétant, et d’une participante de l’autre bras au cours des 12 premières semaines. Pendant cette période, 70 % des participantes du premier groupe et 62 % des patientes sous placebo ont signalé notamment des céphalées, de la fatigue et de la somnolence.

(1) Ann H. Partridge. Menopausal symptom management in breast cancer survivors. a promising new option. NEJM. Published June 2, 2025
(2) Fatima Cardoso, Susanne Parke, Donal J. Brennan et al. Elinzanetant for vasomotor symptoms from endocrine therapy for breast cancer. NEJM. Published June 2, 2025

Irène Lacamp

Source : lequotidiendumedecin.fr