L’iode radioactif fait partie du traitement standard des cancers de la thyroïde à faible risque, et pourtant, son intérêt fait de plus en plus débat. Selon les résultats de l'étude de phase 3 Estimabl2 (Essai Stimulation Ablation 2) (1), menée par les chercheurs de Gustave Roussy, de l’Inserm et de l’Université Paris-Saclay, cette technique, utilisée en complément de la résection de la thyroïde, serait inutile. Cette pratique largement répandue pourrait être remise en question, ce qui permettrait d'épargner le coût de trois à cinq jours d'hospitalisation.
Alors que les cancers différenciés de la thyroïde sont parmi les plus fréquents des cancers endocriniens (90 %) et présentent dans la majorité des cas (75 %) un faible risque de récidive à cinq ans, deux larges études plaidaient pour une désescalade thérapeutique, notamment l'essai Estimabl1.
Dans l'essai prospectif randomisé Estimabl2, 776 patients atteints d’un cancer différencié de la thyroïde à faible risque de rechute (tumeur de stade pT1 de moins de 20 mm, soit la majorité des patients pris en charge en France) issus de 35 centres français ont été suivis pendant trois ans. Tous avaient précédemment subi une thyroïdectomie.
Les patients ont été répartis en deux groupes : ceux à qui un traitement d’iode radioactif (1,1 GBq) était administré après préparation par TSH recombinante (injections), et ceux n’en recevant pas qui bénéficiaient d’un suivi seul. L'objectif de cet essai de non-infériorité était de démontrer que la stratégie sans iode radioactif ne faisait pas moins bien que celle avec.
Au bout d'un suivi de trois ans, plus de 95 % des patients (95,6 % dans le groupe sans iode radioactif versus 95,9 % dans le groupe avec) n'ont eu aucun événement carcinologique, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas présenté d'anomalies morphologiques (adénopathies cervicales ou récidive dans la loge de thyroïdectomie à l'échographie), fonctionnelles (scintigraphie) ou biologiques (élévation de la thyroglobuline ou des anticorps antithyroglobuline, un marqueur tumoral sanguin). Les scores d’anxiété et de qualité de vie étaient à des niveaux similaires dans les deux groupes.
(1) S. Leboulleux et al, New Engl J of Med, 2022. DOI: 10.1056/NEJMoa2111953
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