LA DÉPRESSION de la personne âgée est fréquente, mais souvent non diagnostiquée et donc non traitée dans 60 à 70 % des cas. En médecine générale, sa prévalence est de 15 à 30 % des cas.
Chez le sujet âgé, la dépression se caractérise non seulement par sa fréquence, mais aussi par la grande variabilité des modalités de sa représentation clinique. Elle est souvent masquée, sans tristesse exprimée, de séméiologie déroutante ou peu apparente. Ses conséquences sont lourdes tant au plan relationnel entre les générations qu'au plan humain : perte de la pratique des actes quotidiens, désintérêt pour la nourriture, souffrance non exprimée non accueillie qui accule certains au suicide.
Le suicide.
Les suicides de la population de plus 60 ans représentent plus de 30 % du total de suicides et «on estime que de 50 à 75% des sujets âgés qui commettent un suicide ont consulté leur médecin traitant dans le mois qui précède l'acte», précise le Pr Jean-Pierre Clément (Limoges).
La dépression du sujet âgé ne doit pas être considérée comme liée à la vieillesse ; elle est toutefois liée à des particularités physiologiques et à la fréquence de comorbidités dépressogènes ou des médicaments.
Le tableau clinique peut être franc mais peut également s'exprimer par une simple baisse des capacités cognitives indépendamment du ralentissement physiologique.
Parmi les nombreux instruments d'évaluation du sujet âgé, la GDS (Geriatric Depression Scale) (Yesavage et al., 1983) à 30 items est actuellement la plus utilisée. Elle est considérée en Angleterre comme l'instrument le plus approprié pour le dépistage des patients dépressifs et elle est recommandée comme l'outil le plus fiable d'évaluation de la dépression dans le contexte de la médecine gériatrique par le Royal College of Physicians of London et la British Geriatrics Society.
Il en existe une version réduite à 15 items (Sheik & Yesavage, 1986) ; la mini-GDS (Clément et al., 1999) est la version française réduite à 4 items (score 0-4). Validée comme outil de dépistage, elle a montré sa fiabilité en pratique hospitalière mais aussi en médecine générale.
L'observatoire longitudinal de la dépression du sujet âgé en médecine générale (Odessa), mis en place à l'initiative du Laboratoire Biocodex, a combiné l'utilisation de la mini-GDS et celle de la mini-ERD (4 items ; score = 0-16) qui mesure spécifiquement le ralentissement dans la dépression.
Cet observatoire longitudinal des patients âgés d'au moins 60 ans dépressifs avait pour objectifs de :
– décrire et comparer le devenir des patients, selon les stratégies thérapeutiques utilisées ;
– explorer le lien entre dépression et ralentissement psychomoteur ;
– évaluer les différences de profils entre les sujets antérieurement traités et les sujets dépistés.
Environ 600 généralistes.
Environ 600 médecins généralistes orientés en gériatrie ont participé à l'inclusion des patients qui devaient être suivis pendant deux mois. Parmi les 751 patients répondant aux critères d'inclusion de l'étude, 551 constituaient une population homogène pour laquelle toutes les informations concernant les échelles mini-GDS et mini-ERD étaient disponibles.
Chez ces patients, la dépression s'est traduite par de la fatigue et des troubles du sommeil (43,8 %), des symptômes anxieux (35,8 %), des plaintes somatiques (35,8 %), une réaction à un événement difficile (33,0 %), des troubles du comportement et de l'humeur (25,6 %), un ralentissement (23,9 %)… Mais elle a également été découverte à l'occasion d'une tentative de suicide (1,7 %). A l'inclusion, 98,7 % des patients (moyenne d'âge 73,8 ± 8,8 ans) avaient un score moyen > 3 à la mini-GDS et un score moyen > 8 à la mini-ERD, montrant ainsi une excellente concordance entre les scores deux échelles.
Les patients ont été traités en moyenne pendant 15,4 jours. Au cours du suivi, 85,3 % des sujets ont amélioré leur score à la mini-ERD (5,4 ± 2,6 au suivi pour 8,7 ± 2,5 à l'inclusion). Chacun des items du ralentissement a été amélioré de 31,2 à 38,5 %…
Soixante-neuf patients (12 %) avaient un score < 3 après traitement, 19 d'entre eux ont normalisé leur score à la mini-ERD, alors qu'ils étaient toujours considérés comme dépressifs à la mini-GDS.
Pour le Dr Sylvie Bonin-Guillaume (Marseille), la mini-ERD est un outil permettant de quantifier le ralentissement dépressif chez le sujet âgé.
Il présente une excellente concordance avec la mini-GDS.
Sous traitement, son amélioration est plus rapide que celle de la mini-GDS. L'ensemble des résultats permet de conclure à une bonne sensibilité de cet outil chez le sujet âgé, outil d'évaluation facile à utiliser en médecine générale.
6e Congrès national des professionnels de la gériatrie. 4e Congrès des médecins coordonnateurs. Conférence de presse organisée par le Laboratoire Biocodex.
Mini-ERD
1. Lenteur et rareté des mouvements de la tête et du cou : mimique.
2. Variété des thèmes spontanément abordés.
3. Intérêt pour les activités de la vie quotidienne.
4. Concentration
Score seuil: 3/16.
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