« NOUS ALLONS montrer les dents ». Le Pr Henri Joyeux, cancérologue, président de Familles de France, donne le ton de l’action du collectif pour la prévention des toxicomanes. Pour son premier fait d’armes, la structure, qui rassemble des médecins, comme le Pr Jean Costentin, président du centre national de prévention, d’études et de recherches sur les toxicomanies (CNPERT), des associations de prévention et des familles*, a envoyé le 10 mars une lettre à Jean-Marc Ayrault, pour exprimer « son opposition totale au projet déjà largement médiatisé de salles d’injections de drogues aux toxicomanes avec supervision médicalisée ». Il lance aussi un manifeste et demande à être reçu par le Premier ministre et Marisol Touraine.
Les arguments contre les salles de consommation à moindre de risque (SCMR) exposés par le collectif sont aussi divers que le laisse suggérer sa composition. Le Pr Costentin met en avant les dispositifs déjà existants : « centres d’acceuil et d’accompagnement à la réduction de risques pour usagers de drogues (CAARUD), centres de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA), bus et centres méthadone et subutex. La France a déjà mis en place des programmes coûteux pour donner leur drogue aux toxicos », a-t-il déclaré.
Interrogé sur l’aspect expérimental du projet, qui implique son évaluation scientifique, le Pr Costentin tranche : « Je suis médecin et chercheur, je ne me suis jamais appliqué à refaire toutes les expérimentations qui existent à l’étranger. Les résultats sont là, il faut les regarder à la grosse loupe. Mais refaire l’expérience, c’est l’autoriser. Le char de l’État ne fait pas de marche arrière ».
Quant aux études comme celle du Lancet d’avril 2011, qui établit que le nombre de décès par overdose a baissé de 35 % à proximité du centre de Vancouver, contre 9 % dans le reste de la ville : « C ’est un grand classique, chacun fait son marché dans les études. Et les pays qui ont installé ces salles n’avaient pas forcément toutes nos structures en amont ».
Rendre plus difficile l’accès à la drogue
Plusieurs membres du collectif dénoncent dans les SCMR (où les usagers devront apporter leur produit) « un accès plus facile à la drogue », notamment pour les plus jeunes. Le Pr Costentin aborde la question sous l’angle juridique : « La loi pénalise le commerce de la drogue. Ces salles de shoot y contreviennent !Comment l’État supervisera des produits dont il ne sait rien ? » Derrière cette expérimentation, il voit la « légalisation de toutes les drogues ».
Le Pr Joyeux insiste : « J’observe de plus en plus de jeunes qui partent en 6 mois car la drogue a entraîné une immunodépression importante. On va utiliser nos impôts pour aider les jeunes à se droguer proprement », accuse-t-il. « C’est un lieu de complaisance criminelle, alors qu’il faut rendre l’accès à la drogue plus difficile », enchérit une mère membre du Phare Famille face à la drogue.
Du côté des anciens usagers, Pauline, toxicomane pendant 2 ans, clame son hostilité à l’égard des SCMR, et plaide pour un sevrage sans médicament. « Il doit y avoir de la souffrance dans le sevrage : c’est un rempart contre la récidive ». Pour certains malades néanmoins, le contact avec les professionnels dans « les salles peut être une petite goutte d’eau vers la guérison, mais c’est du goutte à goutte », concède-t-elle.
* Comme la fédération nationale de prévention des toxicomanies, Stop à la drogue, ou les centres nationaux d’information sur les drogues du Gers et de l’Eure et Loire, le Phare familles face à la drogue et le Phare enfants-parents)
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