Originellement, les salles de consommation à moindre risque (SCMR), destinées à fournir un lieu d'injection sécurisé aux consommateurs de drogues, doivent s'inscrire dans le cadre d'une période d'expérimentation de 6 ans. Cette dernière a officiellement commencé en octobre 2016, lors de l'ouverture de la première salle, à Paris, adossée à l'hôpital de Lariboisière. Par ailleurs, les SCMR doivent participer à l’expérimentation pendant au moins 3 ans, ce qui signifie qu'aucune nouvelle salle ne pouvait ouvrir ses portes après octobre 2019.
Problème : 2 salles seulement ont ouvert pour l'instant, celle de Paris, gérée par l'association Gaïa, et la salle strasbourgeoise Argos, gérée depuis novembre 2016 par l'association Ithaque. Pour permettre l'ouverture de nouvelles salles, le ministère des Solidarités et de la Santé a publié, le 15 juillet dernier, un arrêté réduisant à 1 an la durée minimum de participation des salles à l’expérimentation. Des projets de salle pourront donc débuter jusqu'en octobre 2021. L'arrêté ouvre aussi l'accès des SCMR aux consommateurs de substances psychoactives par voie nasale ou par inhalation.
Bordeaux et Marseille en ligne de mire
Avec cette mesure, le ministère espère principalement laisse d'avantage de temps aux projets de Bordeaux et de Marseille, actuellement au point mort. À Bordeaux, la salle aurait dû ouvrir en 2018 à l'hôpital Saint-André sans une annulation de dernière minute par la mairie qui mit en avant les réactions des riverains. À Marseille, le processus était bien engagé, avec la signature début juin par le maire Jean Claude Gaudin, d'une lettre d’autorisation d’ouverture. Moins de 2 semaines plus tard, machine arrière : « Pour l’instant, la décision c’est qu’on n’ouvre rien. C’est clair, net et précis », affirmait le maire Les Républicains, suite aux fortes réactions de riverains. Le sujet étant très politique, la rallonge de 2 ans inscrite dans l'arrêté permettra aux maires d'ouvrir des salles après les élections municipales de mars 2020.
« La question de l'ouverture de nouvelles salles, dédiées à l'inhalation, avec comme objectif de réduire les troubles liés à l'usage de crack dans l'espace public et de mettre à l'abri les usagers dans des espaces de repos, va également se poser. C'est aussi en cela que la réduction de la participation à 1 an est intéressante », ajoute la chercheuse INSERM Marie Jauffret-Roustide, du Centre de recherche médecine, sciences, santé, santé mentale, société, et responsable de l'étude d'acceptabilité auprès des riverains de la salle de consommation à moindre risque de Paris.
L'élargissement des missions des SCMR en direction des consommateurs de crack est particulièrement attendu à Paris, aux prises avec une importante épidémie de consommation de crack. Or, « Les responsables de la SCMR de Paris ont fait savoir qu'ils pourraient difficilement accueillir plus de monde qu'actuellement (de 180 à 200 passages par jour en moyenne à contre 50 à 80 dans la salle de Strasbourg) », explique Marie Jauffret-Roustide.
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