Douleurs chroniques

Le sentiment d’injustice entrave la récupération physique et psychologique.

Publié le 20/02/2014
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Crédit photo : PHANIE

Les cibles de ce sentiment d’injustice sont principalement l’employeur si l’accident a été vécu au travail, puis le conducteur adverse s’il s’agit d’un accident de la circulation, enfin l’assureur s’il existe une procédure de litige en cours.

Ce sentiment d’injustice va souvent nourrir un désir de vengeance avec des mots et un comportement douloureux permettant de prouver son problème, comme une espèce de « munition dans ce conflit, cette guerre ». La reconnaissance publique de cette incapacité paraît dès lors indispensable au sujet bloqué dans cette dynamique de vengeance avant de pouvoir s’améliorer.

Un outil dévaluation

Le Pr M. Sullivan du Département de Psychologie du Mac Gill University à Montréal, a validé un questionnaire IEQ (Injustice Experiences Questionnaire), outil d’évaluation du sentiment d’injustice chez 250 patients qui ont présenté une entorse cervicale post-traumatique à la suite d’un accident de la circulation, Outre cette dimension, le catastrophisme et les différentes composantes de la douleur ont été évalués et suivis en prospectif. L’étude montre que des scores élevés de catastrophisme sont corrélés à un moindre retour au travail, et que les scores élevés d’injustice sont associés à des durées d’absences prolongées. Le sentiment d’injustice interfère avec la récupération physique et psychologique. Il paraît plus résistant aux traitements que d’autres facteurs psychosociaux. Les auteurs ont poursuivi ce travail en prospectif en sensibilisant les sujets aux conséquences négatives de ce sentiment personnel d’injustice sur leur devenir. Cette démarche apparaît plus efficace sur la douleur et le retour au travail qu’un programme multidisciplinaire classique. À noter que 15 % des patients douloureux chroniques qui ressentent ce sentiment d’injustice restent réfractaires aux interventions thérapeutiques psychologiques parce qu’il s’agit d’une véritable injustice avec, par exemple, un réel problème avec l’employeur, un manque de respect notoire ou un litige juridique justifié.

Parallèlement, au travail réalisé auprès des patients, le Pr M. Sullivan réalise aussi actuellement, à la demande des compagnies d’assurance, une sensibilisation des agents d’assurance, pour mieux mener les entretiens avec leurs assurés et éviter d’utiliser des mots « toxiques », susceptibles de générer et nourrir le sentiment d’injustice des patients, et de rendre la gestion des conflits très difficile, chronophage et onéreuse pour les compagnies d’assurance.

D’après une communication du Pr Michael Sullivan, Montréal
Dr Rose-Marie Javier (Strasbourg)

Source : Congrès spécialiste