Ces dernières années ont vu leur lot d’études annonçant l’effet cardiovasculaire protecteur de la consommation modérée d’alcool (en particulier de vin rouge). Pourtant, une récente méta-analyse, parue dans le « Journal of Studies on Alcohol and Drugs », vient tempérer cet enthousiasme, et explicite les biais qui ont laissé croire en l’effet positif de l’alcool.
Le message largement répandu par le passé était que les buveurs modérés (deux verres par jour au maximum) présentaient un risque plus faible de développer une maladie cardiovasculaire que les abstinents. Mais cette méta-analyse, menée par des chercheurs nord-américains et australiens, et basée sur 45 études de cohorte, a mis en évidence plusieurs éléments qui remettent en cause cette interprétation.
Des abstinents… qui ne l’ont pas tout le temps été
Le problème principal que soulèvent les auteurs est que les abstinents sont, en fait, des buveurs qui ont cessé de boire, pour des raisons de santé. Et qu’à l’inverse, les personnes âgées en bonne santé ont tendance à conserver une consommation modérée d’alcool, davantage que des personnes malades du même âge. Deux éléments qui influencent systématiquement la différence de résultats entre buveurs (en bonne santé cardiovasculaire), et abstinents (en moins bonne santé), et conduisent à associer bonne santé et consommation modérée d’alcool.
Dans leur méta-analyse, les chercheurs ont bien observé que les buveurs modérés présentaient une mortalité cardiovasculaire plus faible que les abstinents… sauf quand l’étude avait suivi les participants depuis un âge relativement précoce (avant 55 ans). Ce qui suggère, selon les auteurs, que les abstinents tendent à être en moins bonne santé que les buveurs modérés, non pas parce qu’ils n’ont jamais bu, mais parce que leur santé influerait sur leurs choix en matière de consommation d’alcool. « Difficile de prouver l’un ou l‘autre mais on peut être très sceptique quant à l’affirmation présentant la consommation modérée d’alcool comme bénéfique », indique l’un des auteurs, Tim Stockwell, directeur du centre de recherche en addictions à l’université de Victoria, en Colombie britannique.
Évolution de la consommation
Une seconde étude, dans le même numéro du « Journal of Studies on Alcohol and Drugs », vient soutenir cette affirmation. Une cohorte de 9 137 Britanniques nés en 1958 a été suivie jusqu’à nos jours. Et il a été observé que les habitudes de consommation évoluent avec le temps : très peu parmi les abstinents à l’âge adulte l’étaient déjà plus jeunes. Et les abstinents « tardifs » étaient en plus mauvaise santé physique et mentale que les buveurs modérés.
« Les risques d’une consommation faible sont limités », rassure Tim Stockwell. « Mais boire de l’alcool en pensant que cela est bon pour notre santé est un vœu pieux. »
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