Les données scientifiques actuelles sont insuffisantes pour tirer des conclusions robustes sur les effets pour l'enfant à naître d'une consommation faible à modérée d'alcool pendant la grossesse (inférieure ou égale à 32 grammes d'alcool pur par semaine, soit trois à quatre verres de vin), conclut un article britannique, paru ce 12 septembre dans le « BMJ Open ». Il s'agit d'une méta-analyse incluant 24 cohortes et deux études quasi expérimentales réalisée par des chercheurs (majoritairement des épidémiologistes) de Bristol.
Premier fait marquant : « un nombre étonnamment limité » de publications qui s'attaquent à la question des effets d'une consommation maternelle modérée sur les enfants, lit-on. Et par conséquent, l'absence de preuve permettant de définir un effet toxique ou, à l'inverse, de fixer une limite sûre à la consommation d'alcool, même si plusieurs études relatent un risque supérieur (de 10 %) d'accoucher avant terme, et de bébé de petit poids.
« Ce défaut de recherche sur ce sujet est frappant », insiste l'épidémiologiste Loubaba Mamluk, étant donné les conseils parfois divergents que les femmes reçoivent sur leur consommation d'alcool. C'est notamment le cas en Grande-Bretagne, où jusqu'à récemment (2008), les recommandations du National Institute for Health and Clinical Excellence (NICE) préconisaient aux femmes d'éviter toute consommation d'alcool lors du projet de grossesse et du premier trimestre, tout en indiquant que leur consommation devait être réduite à 2 unités britanniques, une à deux fois par semaine (32 gr). Le Royaume-Uni a renforcé ses recommandations début 2016 et conseille désormais aux femmes enceintes de s'abstenir de toute boisson alcoolisée.
L'article plaide pour de nouvelles recherches sur cet enjeu de santé publique, où de nombreuses questions restent sans réponse (par exemple, les effets de l'alcool selon les étapes de la conception).
Zéro alcool par principe de précaution
Les épidémiologistes rappellent néanmoins que les effets tératogènes de l'alcool sont prouvés, tout comme les risques que fait peser une forte consommation pendant la grossesse sur les capacités intellectuelles de l'enfant, les anomalies congénitales, le comportement, les capacités motrices, ou encore la santé mentale, sans oublier le large spectre des troubles causés par l'alcoolisation fœtale (TCAF), et sa forme complète de syndrome (SAF). Ils estiment que la recommandation zéro alcool doit prévaloir, au nom du principe de précaution.
C'est le choix qu'a fait la France, et que la ministre de la Santé Agnès Buzyn a martelé en amont de la journée mondiale de sensibilisation au SAF, le 9 septembre, en donnant le coup d'envoi d'une campagne nationale de sensibilisation.
En France, 500 000 personnes souffrent des conséquences de l'alcoolisation fœtale et une naissance pour mille (soit 600 à 800 enfants chaque année) présente une forme complète de SAF.
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