Il est rentré par avion en France la nuit dernière. Le Dr Baptiste André, spécialiste en médecine interne à la Timone (CHU de Marseille), était à bord du Madleen, bateau humanitaire de la coalition de la « Flotille de la liberté », parti d’Italie le 1er juin en direction de Gaza, avec 12 autres bénévoles, parmi lesquels la militante écologiste suédoise Greta Thunberg et l’eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan.
Intercepté par l’armée israélienne en chemin, le navire, suivi par des drones au long du parcours, n’a pas pu acheminer d’aide humanitaire aux Gazaouis, menacés de famine selon plusieurs ONG. « Nous avons été maltraités. Nos conditions de détention étaient franchement compliquées : privation de sommeil, restriction d’accès aux avocats pendant plus de 8 heures, d’eau et de nourriture alors que nous étions à terre, aucun accès aux sanitaires et des violences verbales… Certes, nous ne nous sommes pas fait tabasser, mais la mise en scène positive de la part de l’armée était fausse », raconte au Quotidien le Dr André au téléphone ce mercredi matin. Le praticien marseillais a été expulsé d’Israël comme Greta Thunberg, après avoir signé des documents d’expulsion « fallacieux », selon lui.
Anxiolytiques, brûlures et coups de soleil
À bord, le Dr Baptiste André était chargé de s’occuper de la santé des passagers : prise en charge de l’anxiété par des discussions ou des prescriptions d’anxiolytiques, gestion des brûlures, des coups de soleil, des corps étrangers dans les pieds… Mais également de s’assurer de la qualité de l’aide humanitaire médicale (amoxicilline, antalgiques de palier 2, béquilles, prothèses de main) présente à bord pour Gaza. « Le plan B était de larguer les barils à la mer pour qu’avec la marée ils arrivent à Gaza, mais l’interception de l’armée était trop brutale, nous n’avons pas pu le faire », regrette-t-il. L’équipage a toutefois sauvé quatre migrants en mer, lesquels étaient en état d’hypothermie, narre-t-il, ému.
« J’ai embarqué avec les collègues, car être dans l’inaction m’était insupportable par rapport à l’injustice qui frappe les Palestiniens », confie le médecin marseillais, qui regrette « l’indifférence généralisée au sein de nos hôpitaux et cabinets français ». À l’aise dans l’exercice médiatique qu’il reconnaît avoir appris au fur et à mesure, sur le bateau, le Dr André raconte que « sans ce soutien international énorme, nous aurions pu être attaqués. Il nous a apporté de la sécurité. Nous sommes tous d’accord pour dire que l’apport de cette aide alimentaire est symbolique et ne va pas régler le siège à Gaza. Mais l’action de tenter de briser ce blocus, contraire aux lois internationales, est réelle. »
Interpellé ce mercredi à l’Assemblée nationale par la présidente du groupe de La France insoumise (LFI), Mathilde Panot, au sujet de la situation dans la bande de Gaza et de l’arraisonnement du bateau humanitaire Madleen, François Bayrou a dénoncé de son côté une « instrumentalisation » de la part de ces « militants ».
Un engagement de père en fils
Dans la famille André, le père, Pascal est également médecin urgentiste et engagé au sujet de la situation humanitaire et sanitaire à Gaza. À 62 ans, ce dernier avait entamé une grève de la faim pour sensibiliser le grand public à la cause palestinienne.
« Je suis navré que, dans les milieux de la santé, tout le monde reste enfermé dans son quotidien et ne se mobilise pas. Nous manquons vraiment d’une approche éthique et plus engagée. Tous les acteurs que nous rencontrons ont peur du débat, car, en France, aujourd’hui, on peut être poursuivi pour antisémitisme à partir du moment où l’on critique l’action d’Israël », regrette-t-il. Se référant au droit international et au serment d’Hippocrate, les Drs André, père et fils, sont en tout cas résolument déterminés et promettent, en chœur, de ne « rien lâcher ».
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