L’Académie des sciences s’est associée au Réseau international des droits humains des académies et des sociétés savantes (IHRN) dans une déclaration condamnant le nombre croissant des violences à l’encontre des professionnels de santé dans les zones de conflit. Le constat d’un ciblage des personnels soignants est désormais une constante dans toutes les zones de conflit, même si la situation dans la bande de Gaza et la Cisjordanie est particulièrement montrée du doigt.
Dans leur déclaration, les membres du comité exécutif du Réseau, rappelle que malgré une résolution du conseil de sécurité des Nations unies exigeant de toutes les parties aux conflits armés qu'elles préviennent et combattent les attaques contre les professionnels de santé, « le problème s'aggrave […] dans un mépris plus large des normes juridiques internationales, avec de graves conséquences pour les droits de l'homme et l'État de droit ».
Plus de 3 600 attaques en 2024
Selon le rapport annuel publié en mai par la Coalition pour la sauvegarde de la santé en temps de conflit (SHCC, composée de plus de 40 organisations), 2024 était déjà une année record pour les violences et les obstructions faites aux soins, au nombre de 3 623 soit une augmentation de 15 % par rapport à 2023 et de 62 % par rapport à 2022.
Déjà, ce rapport indiquait que « le plus grand nombre d'attaques contre les soins de santé, et de loin, ont eu lieu à Gaza et en Cisjordanie, avec plus de 1 300 incidents, soit bien plus que ce que le SHCC ait jamais signalé dans un unique conflit en un an ». Selon les chiffres du ministère de la Santé de Gaza, relayé par le bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires, plus de 1 400 professionnels de santé ont été tués à Gaza depuis le 7 octobre 2023 et l’attaque du Hamas.
Mais le problème est généralisé ; le rapport détaille des attaques dans 23 pays et territoires, dont des centaines au Liban, au Myanmar, au Soudan et en Ukraine. En moyenne, les personnels et les structures de santé ont été attaqués dix fois par jour dans le monde en 2024.
L’Académie des sciences et le comité exécutif de l’IHRN rejettent « les arguments selon lesquels les attaques contre les personnes dispensant des soins de santé seraient une conséquence inévitable des conflits ». Ils exhortent les académies nationales et le monde de la recherche et de la santé à « condamner sans ambiguïté les attaques contre les professionnels de la santé dans l'exercice de leurs fonctions, souvent face à un danger important » et appellent les gouvernements « à prendre fermement position contre la violence envers les professionnels de la santé et à soutenir les actions visant à traduire en justice les auteurs de ces violences ».
Ils demandent aussi des mesures pour sensibiliser à ce problème mondial et à son impact sur l'accès aux soins de santé. « Enfin, dans une période d'instabilité et d'incertitude internationales croissantes, nous exhortons les chercheurs et les professionnels de la santé au sein et au-delà de notre réseau à souligner la valeur des droits humains internationaux et de l'État de droit en tant que cadre essentiel de la société mondiale », concluent-ils.
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